La conjoncture politique, sécuritaire et économique ne doit pas justifier cette injustice que les Tunisiennes dénoncent, alors que les nouvelles lois prônent l'égalité homme-femme en Tunisie, affirme les membres de la coalition pour l'égalité dans l'héritage. La Tunisie s'apprête à vivre une journée historique ce samedi. Les femmes tunisiennes vont battre le pavé à Tunis pour réclamer l'égalité dans l'héritage, a annoncé la Coalition tunisienne pour l'égalité dans l'héritage. "Nous vivons dans un pays qui a inscrit, dans sa Constitution (articles 21 et 46) l'égalité totale entre les hommes et les femmes dans tous les domaines, que le gouvernement doit promouvoir dans la loi et dans la pratique", expliquent les membres de cette coalition, qui rassemble plus d'une soixantaine d'associations de femme et de défense des droits humains, lit-on dans l'appel à la marche transmis à notre rédaction. Estimant que "l'égalité successorale est une condition de l'achèvement de la modernisation de la société tunisienne et à l'accès à une Nation pleinement citoyenne", les organisatrices de cette marche, à laquelle les hommes sont également invités à participer, exigent "l'application pleine et entière de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes", que la Tunisie a ratifiée, ce qui l'oblige à transposer ses dispositions pour l'égalité entre hommes et femmes, dans le droit national. Depuis la chute de l'ancien régime de Ben Ali, les Tunisiennes se battent pour sauvegarder leurs acquis et en arracher d'autres, face aux tentatives des islamistes d'Ennahdha et des pressions extérieures émanant des pays arabes, notamment des pays du Golfe qui exercent ce qu'on peut qualifier de chantage financier sur un pays fragile, six ans après la révolution du Jasmin. "Nous vivons dans un pays qui a adopté le 11 août dernier, une loi historique et intégrale pour mettre fin à toutes les formes de violences faites aux femmes, y compris la violence économique et où la loi impose aux femmes de contribuer aux charges de la famille si elle a des biens", insistent les initiateurs de cette marche, dans leur communiqué expliquant leur démarche. La loi en question reconnaît toutes formes de violence et oblige les autorités à prendre en charge le travail d'assistance juridique et psychologique aux victimes. Pour rappel, une étude remontant à 2015 affirme que 53,5% des femmes tunisiennes sont victimes de ces violences dans l'espace public. Le vote donc de cette loi a constitué une véritable avancée, même si son application prendra du temps à se concrétiser sur le terrain. Les Tunisiennes en sont conscientes, c'est pourquoi elles restent mobilisées, notamment face à un discours qui essaie de mettre leur cause au second plan, sous prétexte qu'il y a des urgences auxquelles la Tunisie doit parer. "La conjoncture politique, sécuritaire et économique ne doit pas justifier cette injustice que les Tunisiennes dénoncent, alors que les nouvelles lois prônent l'égalité homme-femme en Tunisie", affirme les membres de la coalition pour l'égalité dans l'héritage. Lyès Menacer