La possibilité d'établir une stratégie de sortie de l'accord, en juin, avait déjà été évoquée dès le début de l'année par le ministre russe du Pétrole, Alexandre Novak. Lors de sa prochaine réunion ordinaire qui se tiendra le 22 juin 2018 à Vienne, l'Opep pourrait convenir de commencer à assouplir les restrictions existantes sur la production du pétrole de ses pays membres, à partir de l'année 2019. C'est ce qu'a annoncé le Wall Street Journal (WSJ), dimanche, citant le ministre de l'Energie iranien, Bijan Namdar Zangeneh. Lors de la réunion de juin, l'Iran semble donc décidé à faire pression pour récupérer une partie de sa production, mais d'une façon prudente, afin de ne pas casser la demande, a expliqué Bijan Namdar Zangeneh, tout en soulignant que son pays produisait actuellement 3,8 millions de barils par jours, et pourrait en produire 100 000 de plus quotidiennement, sans préciser la date à laquelle l'Iran pourrait procéder à cette augmentation. Zanganeh a également déclaré au WSJ que l'Iran voulait que l'Opep travaille pour maintenir les prix du pétrole autour de 60 dollars le baril pour contenir la production de pétrole de schiste des Etats-Unis. "Si le prix grimpe à environ 70 dollars... cela va motiver davantage la production d'huile de schiste aux Etats-Unis", a dit M. Zanganeh. En vigueur depuis début 2017, l'accord de réduction est censé durer jusqu'à la fin de l'année. Cet accord a, jusqu'à présent, été étonnamment bien respecté, mais il semblerait que certains pays signataires sont pressés d'en sortir. D'ailleurs, en début d'année, la possibilité d'établir une stratégie de sortie de l'accord, en juin, avait été évoquée par le ministre russe du Pétrole, Alexandre Novak. Cependant, cette idée ne fait pas l'unanimité puisque certains des participants à cette alliance plaident, désormais, pour qu'elle prenne une forme plus permanente. Il y a quelques semaines, Souhaïl Ben Mohamed al-Mazroui, le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, qui préside cette année le cartel, avait plaidé pour que la réunion de juin permette de prolonger l'accord de réduction de la production. Mais il a aussi défendu l'idée d'une coopération approfondie entre les membres de l'Opep et la Russie. "Si ce groupe de pays continuait à travailler ensemble dans le futur, cela serait bénéfique pour l'économie mondiale, et éviterait d'avoir des surprises importantes dans l'équilibre entre l'offre et la demande", avait-il expliqué dans une interview à l'agence Reuters. L'objectif principal de l'accord de réduction de la production était le rééquilibrage du marché. Et même si l'Opep se dit confiante quant à la réalisation de cet objectif d'ici à la fin de l'année, l'augmentation de la production de schiste américain contrarie les efforts déployés pour ce rééquilibrage du marché. En diminuant leur production, les pays de l'Opep et la Russie ont, certes, contribué à faire remonter les prix. Mais cette hausse bénéficie également aux producteurs américains, qui se sont remis à forer de plus belle. L'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) a annoncé dans un rapport que la production de pétrole de schiste allait probablement augmenter de 131 000 barils en avril au niveau record de 6,95 millions de barils par jour, ce qui accroît les inquiétudes quant à la surabondance de l'offre. Cette augmentation et celle des exportations américaines qui gagnent des parts de marché en Asie continuent de peser sur les efforts de l'Opep. Saïd Smati