L'Iran va-t-il encore une fois perturber la stratégie de l'Opep visant à stabiliser le marché et donner une impulsion aux prix de l'or noir ? La question se pose au vu de l'échéance que vient de donner le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, qui table sur une production de 4 millions de barils par jour (mbj) dès le mois de mars 2017. Exempté de participer à l'effort de réduction de la production de brut mise sur le marché par l'Opep, l'Iran semble accélérer la mise en pratique de ses objectifs de production, ce qui peut donner un mauvais signal au marché au vu de prévisions tablant sur des échéances plus lointaines concernant la capacité de l'Iran à récupérer les parts de marché qui étaient les siennes avant les sanctions occidentales. «Notre capacité de production était de 3,8 mbj au cours de la première moitié de l'année (mars 2016-mars 2017), nous allons la porter à 4,03 d'ici à la fin de l'année» soit mars 2017, a déclaré le ministre iranien du Pétrole. Le ministre iranien s'exprimait lors d'une conférence sur le pétrole et l'énergie à Téhéran, en présence de représentants de nombreuses sociétés étrangères. Selon lui, l'Iran cherche environ 200 milliards de dollars d'investissements pour augmenter la production et les ventes, et atteindre une production moyenne quotidienne de 4,28 millions de barils de brut et d'un million de barils de condensat dans les quatre ans. Cependant, selon les données publiées par l'agence Bloomberg, l'Iran produit actuellement à pleine capacité et a pompé 3,63 millions de barils de pétrole par jour en septembre. Il exporte actuellement plus de 2,2 millions de barils par jour, et vise à augmenter les exportations à 2,5 millions de barils/jour en mars. Ali Kardor, directeur général de la compagnie pétrolière nationale de l'Iran (NIOC), a pour sa part contesté l'exactitude des données de la presse, y compris celles fournies par l'OPEP, sur la production de son pays estimant que ces chiffres sont basés sur des estimations provenant de sources secondaires telles que les analystes et les journalistes et ne sont «pas acceptables» pour une utilisation dans la détermination de la quote-part de la production du pays. Il est à rappeler que l'Opep a décidé, fin septembre lors d'une réunion à Alger, de réduire sa production pour soutenir les cours en exemptant l'Iran, la Libye et le Nigeria de se conformer à cette décision. En vertu de cet accord, qui doit être confirmé et détaillé le 30 novembre prochain à Vienne (Autriche), l'Iran pourra retrouver son niveau de production de fin 2011, soit celui d'avant les sanctions américaines et européennes contre son programme nucléaire. En dépit de son propre objectif d'augmenter sa production, le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, a néanmoins fait part de son souhait de voir l'Opep se mettre d'accord, le mois prochain, lors d'une réunion à Vienne, pour limiter la production. L'OPEP avait décidé le mois dernier en Algérie de réduire sa production à un niveau compris entre 32,5 millions et 33 millions de barils par jour pour agir sur la surabondance de l'offre et faire remonter les prix.