Si l'ex-président du parti, Abou Djerra Soltani, se charge d'entretenir la polémique, il n'est cependant pas le seul à prétendre aux rênes du parti. À l'approche du 6e congrès du parti, prévu pour les 10, 11 et 12 mai prochain, la course au poste de président semble faire rage au sein du Mouvement de la société pour la paix (MSP). Le torchon brûle, particulièrement, entre l'ex-président, Abou Djerra Soltani, et l'actuel patron, Abderrezak Makri. Connus pour avoir adopté, depuis longtemps, des positions politiques diamétralement opposées, le premier prônant "l'entrisme", le second se réclamant de l'opposition, le conflit entre les deux cadres du parti est porté, ces derniers temps, sur la place publique. En effet, les attaques à fleuret moucheté entre les deux hommes se manifestent clairement à travers leurs sorties publiques, Makri à travers une série de meetings populaires qu'il a lancés à travers plusieurs wilayas du pays et Soltani via des sorties médiatiques et sur les réseaux sociaux. Dans leur empoignade à distance, l'un comme l'autre tentent de convaincre les militants du parti sur leurs programmes respectifs de gestion du parti durant le quinquennat à venir, mais aussi et surtout sur le choix de la "tactique" politique à adopter en prévision de l'élection présidentielle de 2019. Dans sa diatribe signée avant-hier sur sa page Facebook, Abou Djerra Soltani a été pour le moins virulent avec Abderrezak Makri. Mais il n'est pas le seul à vouloir succéder à ce dernier. Plusieurs autres candidats à la présidence du MSP se livreraient également une guerre dans l'ombre. Laouer Naâmane, membre du madjliss echoura (conseil consultatif du parti), Zineddine Tebbal, élu et ancien chargé de communication du MSP, Abderrahane Saïdi, ex-président du madjliss echoura, ou encore les anciens ministres, El-Hachemi Djaâboub, et Mustapha Benbada, seraient autant de potentiels candidats à la succession à la tête du MSP, mais la polémique est entretenue par le seul Soltani. Rejetant quasiment en bloc tout ce que Makri avait entrepris depuis son intronisation à la tête du parti, à la faveur du du 5e congrès, Soltani est allé jusqu'à lui reprocher de "reléguer le MSP en deuxième division et de jouer avec certains amateurs de la politique dont les partis sont portés dans une valise !" Ceci, non sans faire l'éloge de ses années de règne marquées par sa politique entriste qui, s'exalte-il, avaient permis au MSP "d'évoluer en première division" et de récolter des résultats satisfaisants aux différentes élections auxquelles il avait participé. Une "récolte" de loin meilleure, ajoute-t-il, comparativement aux résultats obtenus par le parti lors des récentes échéances, allusion faite à l'ère d'Abderrezak Makri. Contacté par téléphone hier, Makri a néanmoins refusé de répondre aux critiques de Soltani, préférant plutôt se conformer au principe de "laver le linge sale en famille". "Désolé de vous dire que je n'ai rien à déclarer aux médias concernant les affaires internes au parti", nous a en effet, sereinement répondu le chef du MSP. Il a, en revanche, expliqué que ses appels insistants ces derniers temps, lancés aussi bien au pouvoir qu'aux partis de l'opposition, ne traduisent pas une quelconque volonté de sa part d'intégrer le gouvernement et du coup "normaliser" ses rapports avec le pouvoir, comme cela a été compris par certains observateurs. Il souligne que son "geste" envers le pouvoir est inspiré de l'esprit de la plate-forme de "Mazafran" dont l'objectif est de trouver "un consensus national" pour aller vers une transition démocratique. Il nie ainsi sa supposée intention de vouloir revenir à la politique "d'entrisme" adoptée par ses prédécesseurs. D'ailleurs, il n'a pas hésité, à ce titre, de rappeler à l'ordre, via sa page Facebook, un confrère qui a interprété son discours tenu dernièrement à Mila comme "une main tendue au pouvoir". Farid Abdeladim