En proie à une grave crise financière depuis la décision américaine de geler sa contribution, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens sera au centre de la réunion aujourd'hui à Rome de la communauté internationale pour essayer de trouver des fonds pour qu'elle continue à fonctionner. La capitale italienne accueille une réunion qui pourrait s'avérer déterminante pour l'avenir de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). En effet, la communauté internationale est appelée à trouver des solutions à la crise financière à laquelle est confrontée cette agence humanitaire onusienne à la suite du gel des financements américains. Les Etats-Unis, principal bailleur de fonds de l'UNRWA, ont annoncé le gel de dizaines de millions de dollars d'aide. Ainsi, selon son chef Pierre Krahenbuhl, l'UNRWA n'a plus assez d'argent pour faire fonctionner ses écoles et services médicaux que jusqu'en mai. L'appel lancé par l'agence après le gel des fonds américains en janvier n'a trouvé qu'un faible écho international, et les diplomates ne cachent pas leur scepticisme quant aux chances d'un élan de solidarité majeur dans la capitale italienne. L'inquiétude est répandue quant à l'avenir de l'agence elle-même. Pour justifier sa décision, l'administration Trump a invoqué la nécessité de réviser "en profondeur" le fonctionnement de l'UNRWA, tout en demandant aussi que d'autres pays fassent plus. Pour les Palestiniens, il ne fait pas de doute que l'administration Trump leur fait payer le durcissement des relations américaines avec leur direction depuis le 6 décembre. Le président Donald Trump a ulcéré les Palestiniens ce jour-là en annonçant la reconnaissance par les Etats-Unis d'El-Qods comme capitale d'Israël. La direction palestinienne gèle depuis les contacts avec les officiels américains. Elle a boycotté en janvier la visite du vice-président Mike Pence. Elle a également refusé de participer mardi à une conférence à la Maison-Blanche sur la situation humanitaire dans la bande de Gaza, territoire palestinien. Face à ce qu'il présente comme la pire crise financière de l'histoire de l'UNRWA, M. Krahenbuhl a lancé une vaste campagne intitulée "La dignité n'a pas de prix" avec l'objectif de lever environ un demi-milliard de dollars. Mais seul le Koweït a fait une promesse de 900 000 dollars. Des pays européens ont avancé des dons initialement prévus pour cet été. L'UNRWA n'a pas répondu à des demandes répétées de fournir un chiffre exact des fonds ainsi réunis. M. Krahenbuhl minimise les inquiétudes devant l'inertie internationale, en affirmant qu'"il faut beaucoup de dialogue sur des sujets comme celui-là, en particulier quand on voit l'ampleur du déficit à combler" : 300 millions de dollars. "Il est tout à fait naturel de ne pas avoir un Etat qui accepte de combler un tel déficit", dit-il. Ceci étant, l'objectif de cette conférence de Rome, co-organisée par la Suède, l'Egypte et la Jordanie, est de ranimer l'élan de générosité. Des responsables de l'ONU disent compter sur les Européens, mais surtout sur les pays arabes du Golfe pour renflouer les caisses de l'UNRWA. Les Européens sont cependant réticents à prendre la relève des Américains de crainte de valider les coupes américaines dans l'aide internationale, dit Hugh Lovatt, un expert au think-thank European Council of Foreign Relations. Merzak T./Agences