Prévue à partir de samedi en soirée, la grève de la faim, que devaient entamer les étudiants de l'ENS de Constantine, a été finalement reportée en raison des vacances de printemps. Un report qui intervient à un moment où de nouveaux développements attisent davantage la situation de blocage total, notamment après les dernières déclarations du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar. Déclarations qui ont incité les étudiants à réagir par l'organisation d'un rassemblement devant leur école Assia-Djebar dans la matinée de dimanche au moment même où leurs enseignants remettaient leur communiqué au directeur de l'école et dont Liberté en a fait l'écho dans son édition de dimanche dernier. Une manifestation pacifique ou les normaliens de Constantine se sont contentés de bloquer l'accès à l'école qui se trouve à l'intérieur de l'université 3, et donc, sans causer de troubles à l'ordre au sein du campus. Une action qu'ils ont répétée depuis mercredi dernier, et qui a fini par faire réagir la direction de l'école qui a adressé, hier, une convocation au délégué des étudiants de l'ENS de Constantine, Noui Anouar El-Hadi, pour comparaître aujourd'hui, dès 10h, devant le conseil de discipline. Un autre étudiant est concerné par la même mesure, Khaled H'chaïchi en l'occurrence. Convocation dont nous détenons une copie, portant à l'endroit du représentant des normaliens de Constantine les accusations d'atteinte à la sécurité de l'établissement, d'attitude caractérisée susceptible de provoquer le désordre et d'entraver l'activité pédagogique et d'obstruer le bon déroulement des cours. Anouar El-Hadi Noui et Khaled H'chaïchi, qui comptent bien se rendre à ce conseil pour défendre leur cause, ont estimé que cette mesure est infondée et relève d'un procédé d'intimidation et de dissuasion. Ils encourent, néanmoins, une mesure d'exclusion, eu égard à la gravité des accusations portées contre eux par l'administration. Aussi, le mouvement de protestation des normaliens qui n'a pas fléchi, particulièrement à Constantine, pourrait prendre une autre tournure après cette démarche de la direction de l'école. D'ailleurs, l'idée d'une déclaration unilatérale de l'année blanche par les étudiants, eux-mêmes, a déjà fait le tour du campus et pourrait être débattue lors de la réunion des délégués des 11 ENS du territoire national, prévue le week-end prochain. D'autres points sont à l'ordre du jour de ce conclave, à savoir la saisie d'ONG internationales quant à leur cas et la constitution d'un collectif d'avocats pour porter leur affaire devant les tribunaux et ester en justice les départements de Tahar Hadjar et de Nouria Benghabrit. Pour cela, ils envisagent de solliciter un parrainage du syndicat des robes noires ou même du bâtonnat d'Alger, puisqu'à Constantine, une avocate se serait déjà portée volontaire pour prendre en charge le dossier. Des contacts avec l'organisation nationale des droits de l'Homme sont également prévus pour assistance, lors de la grève de la faim attendue après les vacances. Kamel Ghimouze