La protestation des normaliens ne semble pas s'estomper. Elle risque même de se durcir dans les jours à venir. À Constantine, en effet, le délégué des étudiants de l'Ecole normale supérieure Assia-Djebar de Constantine, Noui Anouar El-Hadi, et Khaled H'chaïchi, étudiant dans la même école, ont présenté, hier, devant le conseil de discipline, leur version des faits quant aux graves accusations portées à leur encontre par leur administration. C'est, en effet, sur plainte du directeur des études que ce conseil a été convoqué accablant les deux "mis en cause" d'atteinte à la sécurité de l'établissement, de comportement caractérisé susceptible de provoquer le désordre, d'entraver l'activité pédagogique et d'obstruer le bon déroulement des cours. Une bousculade aurait eu lieu lors d'un rassemblement des étudiants de l'ENS de Constantine devant leur école mercredi dernier impliquant l'accusateur et les deux étudiants, a tenu à nous expliquer le représentant des normaliens de Constantine, Noui Anouar El-Hadi. Les deux étudiants qui ont reçu leurs convocations pour passer un conseil de discipline, lundi, avaient estimé qu'il s'agissait d'une manœuvre d'intimidation. La gravité des sanctions, que les deux étudiants, dont le chef de file de l'ENS de Constantine Noui Anouar El-Hadi encourent, n'a pas laissé de marbre leurs camarades qui se sont rassemblés hier devant l'école. Ils étaient près de trois cents à se mobiliser pour exiger l'annulation pure et simple du conseil de discipline, fermant l'accès à l'école et empêchant les travailleurs de quitter les lieux. Vers 17h30mn, la situation était toujours inchangée devant le refus du directeur de l'école de prendre langue avec les étudiants. Le verdict du conseil de discipline est attendu pour aujourd'hui. À l'ENS d'El-Eulma, dans la wilaya de Sétif, en revanche, le suivi de la grève des étudiants de l'école Messaoud-Zeghar, déclenchée le 12 novembre dernier, est mitigé. Au moment où plus de 1 650 étudiants, tous cycles et spécialités confondus, sont toujours en grève, une soixantaine de futurs professeurs d'enseignement primaire de langue française ont rejoint les salles de cours. Les étudiants ne décolèrent pas et soutiennent que leurs revendications sont légitimes. Ils affirment que même une année blanche ne leur fait pas peur. "C'est une question de principe. Le contrat qui nous lie au ministère de l'Education nationale est on ne peut plus clair", dira une étudiante de 3e année. Une autre étudiante a tenu à souligner que les acquis des normaliens sont inaliénables. "Nous dénonçons le fait que les responsables font la sourde oreille. Tout le monde est témoin qu'ils ont touché à nos acquis, voire à nos droits", ajoute-t-elle. À Béchar, les étudiants de l'ENS ont décidé d'entamer une grève illimitée à compter du 10 avril si le ministère ne répond pas favorablement à leurs revendications. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, les membres du bureau local des étudiants de l'ENS de Béchar ont précisé que cette grève vient en signe de protestation contre la convocation par l'ENS de Constantine du représentant des étudiants et de l'étudiant dans la même école en conseil de discipline. Kamel Ghimouze/F. SENOUSSAOUI/Rachid Roukbi