La petite cité dénommée “Ghaza” était avant-hier en fête. Et pour cause : 112 familles vivant dans des conditions précaires ont été relogées par les autorités locales. En effet, ces familles ont été installées dans des logements flambant neuf, se libérant ainsi des maisonnettes aux façades lézardées et insalubres, qu'elles avaient occupées depuis plus de quarante-six ans. C'est dans une ambiance bon enfant que le premier responsable de la wilaya a remis les clefs aux chefs de famille en présence des autorités locales et d'une foule compacte venue partager la joie de ces citoyens qui vivaient dans un véritable ghetto. Notons que les nouveaux locataires ont souffert le martyre pendant plus de quatre décades buvant ainsi le calice jusqu'à la lie, vu les conditions d'habitation qui sont des plus déplorables. Exprimant son enthousiasme, le père d'une famille nombreuse dira en présence de l'assistance : “C'est aujourd'hui mon jour d'indépendance et celle de ma progéniture. Je suis vraiment un homme libre.” Ces familles ont vécu des années durant dans les privations sous toutes leurs formes : absence d'eau potable, coupures intempestives du courant électrique, infiltration d'eau pluviale…Aussitôt la cérémonie de distribution des 112 logements achevée, le wali a ordonné aux services concernés de procéder à la démolition des bâtisses afin qu'aucun autre citoyen ne puisse les occuper. Joignant le geste à la parole, les bulldozers dépêchés sur les lieux sont entrés en action et des ouvriers ont été chargés de déblayer cet espace pour servir, selon certaines indiscrétions, à la réalisation d'autres logements pour recaser les familles restantes. Ce jour-là les enfants de la cité “Ghaza” étaient très contents et les jeunes d'un certain âge, qui, visiblement, étaient joyeux eux aussi, étaient affairés à charger dans les camionnettes réquisitionnées à cet effet le mobilier insignifiant de ces familles aux conditions sociales des plus démunies. T. B.