Les négociations avec la direction dureront plus de deux heures et finiront par un arrangement engageant les deux parties à reconsidérer leurs positions. Plus rien ne prête à l'apaisement à l'Ecole normale supérieure Assia-Djebar de Constantine. La tension a atteint un nouveau palier, hier, à la suite du lourd verdict rendu par le conseil de discipline à l'encontre du délégué Noui Anouar El-Hadi et de l'étudiant Khaled H'chaïchi, à savoir l'exclusion définitive de l'école. Une mesure qui a fait réagir les normaliens encore présents sur le campus, puisque la plupart sont partis en vacances anticipées devant la persistance de la situation de blocage marquée par une grève qui dure depuis quatre mois et des manifestations répétitives dont certaines ont failli dégénérer. En effet, plus de trois cents étudiants ont procédé, une fois de plus, à la fermeture des accès de l'école pour marquer leur soutien à leurs camarades sanctionnés et exiger l'annulation de la mesure d'exclusion prononcée à leur encontre. Pis encore, une action inédite a été aussitôt entamée par les étudiants, lesquels, sur un accès de colère, décident de présenter une démission collective à la direction de l'école. Plus de deux cents cartes d'étudiants sont rassemblées pour être rendues avec les démissions nominatives des concernés. La direction daignera enfin, à la mi-journée, recevoir des représentants de protestataires qui continuaient de bloquer les accès de l'école. Un mouvement qui a eu lieu en l'absence du principal concerné par la mesure de renvoi définitif, le délégué de plus de 6 000 normaliens, Noui Anouar El-Hadi, parti en urgence au chevet de sa mère qui a eu un malaise en apprenant la nouvelle de l'exclusion de son fils. Les négociations avec la direction dureront plus de deux heures et finiront par un arrangement engageant les deux parties à reconsidérer leurs positions. D'une part, les manifestants devraient, en premier lieu, libérer les accès de l'école et, d'autre part, la direction usera de son autorité pour revoir la sanction prononcée à l'encontre des deux étudiants. Cela, en contrepartie d'un engagement signé par les représentants des contestataires au nom des deux étudiants sanctionnés, astreignant ces derniers à éviter tout comportement pouvant perturber l'activité de l'école. Joint par téléphone en fin de journée, le délégué Noui Anouar El-Hadi, qui nous rassurera sur l'état de santé de sa mère, exprimera, néanmoins, ses appréhensions quant à la suite des événements, doutant des promesses de la direction qui, selon lui, a toujours failli sur ce registre. D'ailleurs, rappelle-t-il, pas plus tard que mardi, la même direction avait promis, après médiation des services de sécurité, de débloquer la situation qui prévalait à l'école, et dont Liberté a fait l'écho hier, de peser de tout son poids pour atténuer le verdict qui allait être prononcé. "Le résultat aura été la sanction la plus lourde", se désole-t-il. Pour revenir aux événements de mardi soir, la situation de blocage qui a prévalu toute la journée à l'école Assia-Djebar s'est, en effet, poursuivie jusqu'à 22h. Les étudiants, qui avaient accepté dans un premier temps de permettre aux femmes travailleuses de rentrer chez elles, ont fini par prendre langue avec le directeur de l'école après l'arrivée des services de sécurité qui ont contribué à apaiser le climat de forte tension qui régnait. Kamel Ghimouze