Mme Mokraoui aurait fait les frais de la "fuite" de la liste exhaustive des prix des véhicules. La directrice générale du développement industriel et technologique au ministère de l'Industrie et des Mines, Hassiba Mokraoui, a été relevée de ses fonctions hier, par le ministre chargé du secteur, Youcef Yousfi. Selon des sources concordantes, la décision de relever Mme Mokraoui, par ailleurs déchargée du secteur de l'automobile et affectée à la direction de la promotion de la PME-PMI, intervient 20 jours après les premières Journées techniques de la sous-traitance véhicules (JTSV-Algeria) qui se sont déroulées les 5 et 6 mars derniers. Durant cet événement, M. Yousfi n'avait pas caché sa colère à l'encontre des constructeurs qui pratiquaient des prix exorbitants sur le marché, allant jusqu'à créer une flambée des tarifs et une spéculation sur les véhicules Made In Bladi (MIB). En effet, ce jour-là, M. Yousfi voulait, coûte que coûte, obtenir les prix sortie d'usine des véhicules de tourisme montés par Renault Production Algérie (Oued Tlélat-Oran), Sovac Production Algérie (Relizane) et Tahkout Manufacturing Company (TMC-Tiaret) et Glovitz (Kia Algérie-Batna). À l'issue des travaux, M. Yousfi avait insisté, lors de sa conférence de presse, en affirmant que son département allait contraindre tous les constructeurs à lui envoyer les prix sortie d'usine pour que son département procède au contrôle et à la surveillance des tarifs pratiqués sur le marché. Au lendemain de la rencontre, les quatre constructeurs ont alors envoyé les prix sortie d'usine au département de l'Industrie. La liste des prix exhaustive ayant "fuité", sa publication a créé une onde de choc tant chez les constructeurs que chez les clients. Jusqu'ici, le département de M. Yousfi n'a fourni aucune explication à l'opinion publique quant à l'urgence de publier ces prix, du moins apaiser les esprits des consommateurs en les rassurant, notamment, sur les décisions que son département pouvait prendre pour contrôler les prix, d'une part, et surveiller les constructeurs qui avaient bénéficié des mesures d'accompagnement fiscales et parafiscales pour réussir cette industrie naissante, d'autre part. Mme Mokraoui aurait-elle fait les frais de cette "fuite" qui a fait et continue de faire des vagues ? Devant le flou général qui prévalait après la publication des prix, des milliers d'Algériens ont lancé des campagnes de boycott des véhicules MIB. Les réseaux sociaux se sont enflammés et les internautes ont exprimé leur colère en appelant les Algériens à ne plus acquérir des véhicules MIB et à ne plus subir les prix abusifs pratiqués sur le marché. Ces ingrédients et bien d'autres ont poussé le ministre chargé du secteur à "sacrifier" la directrice générale du développement industriel, et ce, au lieu d'ouvrir une enquête et/ou d'engager des audits au niveau des usines, en coordination avec le ministère du Commerce et des Finances, pour établir le coût réel sortie d'usine, afin de parer, à l'avenir, aux pratiques de surfacturation sur les véhicules MIB et ses conséquences sur le prix final sur le marché. Selon nos sources, Mme Mokraoui a été remplacée par Mustapha Abdelkrim, ex-conseiller au cabinet du ministre de l'Industrie et des Mines. La nomination de M. Abdelkrim était déjà dans l'air, notamment après ses récentes sorties médiatiques pour recadrer les cadres du ministère de l'Industrie qui multipliaient les déclarations au sujet de l'industrie automobile. FARID BELGACEM