La visite semble procéder d'un rituel, mais qui ne manque pas d'intérêt et d'importance au regard du contexte. Arrivé il y a un peu moins d'une année en Algérie, l'ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique, John Desrocher, a effectué, du 27 au 29 mars, une visite de deux jours à Tindouf pour "constater la situation humanitaire dans les camps de réfugiés sahraouis". Selon un communiqué de l'ambassade américaine rendu public jeudi, le diplomate américain a rencontré, au cours de sa visite, des responsables locaux algériens et s'est entretenu avec des représentants des Nations unies et des ONG, ainsi qu'avec des réfugiés sahraouis — en particulier les jeunes — pour en "savoir plus sur les problèmes les concernant". "Le gouvernement des Etats-Unis est fier de s'associer au HCR et à d'autres partenaires humanitaires dans leurs efforts pour répondre aux besoins des réfugiés", note le communiqué. Depuis l'année dernière, les Etats-Unis ont alloué plus de 8,5 millions de dollars en aide humanitaire aux réfugiés sahraouis, rappelle le texte. Cependant, le communiqué ne précise pas si John Desrocher a rencontré des figures sahraouies engagées pour la reconnaissance de ce territoire, encore objet de controverse. Même si la visite est d'apparence à connotation humanitaire, il reste que le déplacement, dans le contexte actuel, du diplomate américain peut se décliner comme une volonté des Etats-Unis de prendre la "température" des populations sahraouies vis-à-vis de la cause qu'elles défendent, mais également comme un signe de soutien aux efforts de l'envoyé spécial de l'ONU, l'ex-président allemand, Horst Köhler, pour relancer le processus de négociations entre dirigeants marocains et sahraouis et trouver une solution "juste" et "mutuellement acceptable", dans ce conflit qui dure depuis plus de quarante ans. "Les Etats-Unis soutiennent fermement le processus de négociations mené par l'ONU et espèrent qu'il aboutira à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permettra l'autodétermination du peuple du Sahara occidental", rappelle le texte. Cette visite du diplomate américain intervient dans un contexte d'intenses activités diplomatiques engagées par l'envoyé spécial de l'ONU pour tenter de relancer le processus à travers des consultations qui comprennent également les pays voisins, comme l'Algérie et la Mauritanie, ou encore les instances africaines. Récemment, Horst Köhler a rencontré, à Berlin, le chef de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel. "Horst Köhler a exposé les résultats des consultations qu'il a menées avec différents hauts responsables, dont le président rwandais, Paul Kagamé, président en exercice de l'UA, les responsables de la Commission de l'Union africaine, ainsi que ceux de l'Union européenne", avait indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Mais cet élargissement des "consultations" à des acteurs africains, parmi lesquels l'Algérien Saïd Chergui, commissaire à la paix et à la sécurité, ne semble pas être du goût de Rabat, qui considère que le "dossier" est du ressort des instances onusiennes. Elle n'a, d'ailleurs, pas manqué de le faire savoir à Horst Köhler. Hier, alors que se tenait à Alger une conférence internationale "sur le droit des peuples à la résistance dédiée au combat du peuple sahraoui", en présence d'une centaine de participants issus de 53 pays, l'agence officielle rapportait que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Gutteres, réitérait la position des Nations unies dans son rapport sur le dossier sahraoui. "Dans ses résolutions depuis début 2007, le Conseil de sécurité m'a enjoint de faciliter des négociations directes entre les parties au conflit, qui doivent se dérouler sans conditions préalables et de bonne foi", souligne le chef de l'ONU dans la copie préliminaire de son rapport sur le Sahara occidental, cité par l'APS. "Les deux parties en conflit doivent faire preuve de volonté politique (...) et travailler dans un esprit de compromis, afin de préparer un cinquième round de négociations", selon Gutteres. Karim K.