Des parents d'élèves, des enseignants et des responsables d'écoles privées à Tizi Ouzou sont gagnés par de fortes appréhensions quant à l'existence même de leurs écoles et particulièrement sur l'avenir de leurs enfants après le discours du président de la République et les déclarations du ministre de l'Education nationale obligeant celles-ci à “s'aligner” sur le programme national de l'enseignement fondamental. “Ce serait un véritable chaos si on m'impose à aligner l'éducation de mes enfants sur un programme qui produit des ignares multilingues”, s'est exclamée, pour dire tout son “désarroi devant cette situation”, une enseignante dans un CEM à Tizi Ouzou, qui tente, “malgré les difficultés, d'inculquer le maximum de savoir et d'éducation aux élèves” de son établissement. D'autant que “c'est le droit le plus élémentaire pour un parent de choisir l'éducation qu'il estime la meilleure qui soit pour ses enfants”, souligne un autre. “La loi, la religion, la morale… imposent ce droit comme un devoir pour les parents. Pourquoi est-ce que nous nous en dévions alors ?” se sont encore interrogés les dizaines de parents, d'enseignants, d'animateurs d'écoles privées, réunis dernièrement dans un de ces établissements à Tizi Ouzou. Un autre parent dira que son enfant ne voulait plus retourner à son ancienne école (fondamentale) depuis son inscription à l'école privée où il “sent qu'il progresse de façon vertigineuse chaque jour davantage”. Cette rencontre leur a permis de débattre longuement afin de “trouver une issue à cette situation qui augure un sacrifice de l'avenir de nos enfants. Or, cet avenir je n'oserai pas encore le leur sacrifier comme il le fut pour leurs aînés, diplômés universitaires depuis des années mais pour être au chômage à vie en fin de compte”, enchaîne encore une mère “complètement démontée”. Après un sacrifice énorme investi dans cette école qui a déjà formé et apporté – et apporte toujours – tout son soutien en la matière à des dizaines d'élèves et d'enfants qui ne veulent plus la quitter, “ce serait insensé de lui créer le moindre pépin dans une aussi noble mission de formation et d'éducation”, ont estimé les participants. Les onze écoles privées existant dans la wilaya de Tizi Ouzou assurent un enseignement sur la base du programme du Centre national d'enseignement à distance (Cned), institution française adaptée au système éducatif algérien, a-t-on indiqué. Elles assurent, en plus du français dès la maternelle, l'enseignement de l'arabe, de l'histoire et de la géographie. Donc, l'école privée algérienne n'est qu'un canal complémentaire avec le programme du Cned, ont-ils précisé. Ayant requis l'anonymat, l'école qui a abrité la “rencontre de concertation”, un des plus jeunes établissements d'enseignement privé dans la wilaya de Tizi Ouzou, forme actuellement plus de 70 enfants et élèves avec des classes qui préparent déjà les niveaux des cours élémentaire de 1re année (CE1), niveau équivalant à la (3e AF) de l'enseignement fondamental, mais “incomparable du point de vue qualité”. S. Y.