C'est la seconde interdiction que subit l'écrivaine, après l'annulation du café littéraire du 13 mai 2017. La conférence-débat que devait animer, avant-hier, la jeune romancière, Hiba Tayda, au café littéraire de Bouzeguène, autour de son ouvrage, Un slow avec le destin, a été, une nouvelle fois, interdite par les autorités locales, et ce, en dépit de l'accord préalable du président de l'APC, selon un communiqué diffusé par l'association Tiawinine (Les sources), sur son compte facebook. Les organisateurs ont conclu leur déclaration en informant la population que "la rencontre aura bel et bien lieu contre l'avis des autorités et que dorénavant, nous ne demanderons plus d'autorisation pour les prochaines conférences car nous travaillons bénévolement et gracieusement pour la culture, rien que pour la culture". Le fil des événements : samedi, à 14h , heure prévue pour le début de la conférence, un public nombreux s'était rassemblé devant le centre culturel Ferrat-Ramdane pour soutenir les organisateurs. Malgré le verrouillage, dans un premier temps, du portail extérieur et de la porte d'entrée de l'édifice, le public a pu accéder de force à la salle de conférences, mais grande fut sa surprise en découvrant que toutes les chaises avaient été enlevées et mises dans une autre salle. Les férus du café littéraire, après un moment d'étonnement, ont quand même trouvé une astucieuse idée pour mener l'activité. Elle a consisté à s'asseoir sur des cartons, à défaut de tatamis, plus confortables, qui auraient pu être prêtés par le club de karaté local, alors que l'écrivaine, elle, s'est assise à même le sol aux côtés du modérateur. La conférence a débuté par un véritable réquisitoire contre des autorités locales peu soucieuses de tout ce qui a trait à la culture. Ni les élus ni les responsables de la daïra et encore moins ceux de la Drag n'ont échappé à la vindicte des passionnés des traditionnels cafés littéraires organisés depuis plus de trois ans. L'écrivaine, Hiba Tayda, qui a été interdite pour la seconde fois, après l'annulation du café littéraire du 13 mai 2017 dans les mêmes conditions, est restée sereine mais tout de même très solidaire, elle aussi, de l'association Tiawinine, victime de l'opprobre et de l'injustice des autorités locales. Le refus ou l'interdiction, même s'ils ne sont pas signifiés par écrit, constituent une grave dérive à l'endroit de la culture. Le café littéraire de Bouzeguène, institué depuis trois ans, est l'un des principaux atouts culturels de la commune de Bouzeguène, voire de la wilaya de Tizi Ouzou. "Sa réputation, son histoire et son dynamisme ont galvanisé sa force face à ses détracteurs incultes et méprisants. Etranges sont nos responsables, issus tous d'une même République, mais qui délivrent, au gré des humeurs, des autorisations par-ci et des refus par-là", dira, médusé, un habitué du café littéraire. L'entrevue entre l'auteure et les citoyens, qui s'est quand même tenue dans des conditions inconfortables, s'est achevée par une vente-dédicace et par une photo souvenir pour la pérennité de l'événement. Rendez-vous a été pris pour les trois futurs conférenciers, eux aussi interdits, entre autres, Tahar Ould Amar, Rabah Sebaâ et Saïd Oussad, dans la même salle... même sans chaises. KAMEL NATH OUKACI