Début février, les contours d'un tel scénario commençaient déjà à se dessiner lorsque le SG du FLN, Djamel Ould Abbes, engageait l'"opération bilan" des quatre mandatures d'Abdelaziz Bouteflika. Il n'aura pas fallu longtemps pour voir la démarche préélectorale engagée, il y a deux mois, par le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Djamel Ould Abbes, se concrétiser sur le terrain. La sortie inaugurale du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, hier, à Alger, vient ainsi couronner un processus, décidément minutieusement élaboré, et qui prend, visiblement, les allures d'un début de campagne "prématurée" pour le cinquième mandat. Les préparatifs et l'accueil réservé au chef de l'Etat à la place des Martyrs, sur fond de zorna et dans une ambiance de "fantasia", en présence d'une foule nombreuse venue à sa rencontre, reflétaient l'image d'un Abdelaziz Bouteflika dans la peau d'un candidat, en perspective de la présidentielle de 2019. Début février, les contours d'un tel scénario commençaient déjà à se dessiner lorsque le SG du FLN, Djamel Ould Abbes, engageait l'"opération bilan" des quatre mandatures d'Abdelaziz Bouteflika, en associant les structures de son parti au niveau des 48 wilayas du pays, l'administration locale comprise. Et la célérité avec laquelle la direction du FLN avait agi pour sévir contre toute démarche parallèle "au nom" du cinquième mandat, quand bien même elle émanerait de quelques cadres militants "zélés" ou "bavards" du parti, renseigne aujourd'hui sur cette évidence : Il y avait bel et bien un schéma en place, et qu'il ne fallait surtout pas gêner la stratégie. Parce que les grandes manœuvres, en politique, exigent des procédés sereins et sans faille, l'"agitation" et l'"opportunisme" politiques, dont allaient faire preuve le député d'Annaba Baha-Eddine Tliba and Co, étaient malvenus. Cela pouvait compromettre les desseins du Palais. Ce n'est donc pas pour rien si la commission de discipline du FLN allait être actionnée, et que de nombreuses voix dissonantes allaient être définitivement étouffées. Djamel Ould Abbes, qui, entre-temps, multipliait les déplacements, d'abord à Tlemcen, ensuite à Mila, puis à Tamanrasset, animant des meetings exclusivement dédiés "aux réalisations" d'Abdelaziz Bouteflika depuis son arrivée au pouvoir, en 1999, préparait déjà l'opinion publique pour une "grande annonce". Fin mars, l'option du cinquième mandat commençait à se préciser, lorsque les rapports des structures des 48 wilayas du parti fin prêts, le SG du FLN procéda à l'installation de la commission de rédaction du bilan des réalisations des quatre mandatures du président Abdelaziz Bouteflika, pour en sortir un document uniforme. La composante de la commission, et pour ne citer que le secrétaire général de la présidence de la République, Hoba El-Okbi, le conseiller du Président, Mohamed Ben Ammar Zerhouni, et les ministres FLN de l'actuel gouvernement, allait fournir les premiers indices sur le "sérieux" de l'option. Ce jour-là, et quand bien même d'aucuns n'ignoraient de qui il s'agissait, Djamel Ould Abbes s'est contenté de dire que "le FLN aura son candidat, issu du FLN, en 2019". Le "faux" suspense n'a, d'ailleurs, pas duré longtemps, puisque pas plus tard que samedi dernier, Djamel Ould Abbes convoquait l'Instance de coordination du parti, avec tout l'aréopage de hautes personnalités qu'elle compte en son sein, pour appeler "officiellement" Abdelaziz Bouteflika à "poursuivre ses missions" à la tête de l'Etat. Et Djamel Ould Abbes, qui, au nom des 700 000 militants du parti, émettait le souhait de voir le Président leur faire "l'honneur" d'être le candidat du FLN en 2019, et donc répondre "favorablement" à l'appel, a visiblement de quoi se réjouir. À peine quarante-huit heures après, Abdelaziz Bouteflika bat le pavé d'Alger dans le costume d'un candidat... en marche pour le cinquième mandat. La seule question, qui se pose maintenant, est de savoir pourquoi, contrairement à ses précédentes mandatures où Abdelaziz Bouteflika cultivait le suspense sur ses intentions de se présenter ou non jusqu'à la dernière minute, il le fait, cette fois-ci, à une année d'intervalle du rendez-vous électoral de 2019. Mehdi Mehenni