Sans détour, cette fois-ci, le SG du FLN, Djamel Ould Abbes, et en présence de hautes personnalités politiques, a appelé "officiellement" Abdelaziz Bouteflika à "poursuivre ses missions". Le cinquième mandat n'est plus un tabou. Ce n'est plus également un sujet de spéculations. Hier, au siège du Front de libération nationale (FLN), à Hydra, le secrétaire général du parti, Djamel Ould Abbes, s'est livré à une véritable démonstration de force, une mise en scène, visiblement, soigneusement élaborée par les "hautes autorités du pays", pour ainsi reprendre son propos. La réunion, en effet, de l'Instance de coordination du parti, une Instance qui regroupe, conformément aux statuts du FLN, les ministres, les membres du bureau politique, les représentants des deux Chambres du Parlement, et les présidents des commissions permanentes du comité central, ne pouvait présager que d'une grande annonce : lever le mystère sur les intentions du président Abdelaziz Bouteflika à briguer un cinquième mandat. L'Instance de coordination, qui, dans un premier temps, a pris connaissance des grandes lignes du "document uniforme" portant bilan des quatre mandatures du président Abdelaziz Bouteflika, présenté à l'occasion, a aussitôt donné lecture à un communiqué dans lequel elle appelle l'actuel locataire d'El-Mouradia à "poursuivre ses missions". Et Djamel Ould Abbes a été scrupuleux sur les formes, puisqu'il a pris le soin de s'entourer, à la grande table de réunion fraîchement installée dans la salle des conférences du siège du parti, de personnalités dont la seule présence atteste du sérieux de "l'option". Le conseiller du Président, Ben-Amar Zerhouni, quoiqu'il n'ait pas pris la parole, en était le gage. Ceci, s'agissant du message destiné à la consommation interne. Quant au message destiné à l'étranger, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, qui a pratiquement coprésidé la réunion avec Djamel Ould Abbes, s'en est bien occupé. En prenant la parole, à deux reprises, d'ailleurs, il s'est laissé aller à des confidences puisées dans ses discussions avec des personnalités étrangères : "Lors d'une rencontre, un ministre d'un pays arabe me demandait par quel miracle l'Algérie a pu retrouver la paix, alors que dix années auparavant, elle était plongée dans une situation sécuritaire aux allures d'une guerre civile. La réponse est évidente : grâce au génie d'Abdelaziz Bouteflika, nous sommes passés de la concorde civile à la réconciliation nationale, et ensuite, au vivre ensemble." Cette anecdote sera suivie d'une autre qui a pour théâtre le contour régional. Cette fois-ci, c'est une personnalité occidentale, en visite à Alger, qui aborde le chaos libyen avec Abdelkader Messahel : "Cinq ans après, on est venu nous dire que le président Abdelaziz Bouteflika avait raison d'avertir sur les conséquences qu'allait avoir une intervention armée en Libye, mais c'était déjà trop tard..." Le ministre des Affaires étrangères, qui n'était pas venu les mains vides, a remis à la commission chargée de la rédaction du document uniforme du bilan des quatre mandatures d'Abdelaziz Bouteflika un livret de 32 pages sur les "succès diplomatiques du Président". Les nuances d'Ould Abbes Fort de la présence des personnalités et hauts cadres de l'Etat que compte le parti, Djamel Ould Abbes, comme à son habitude, n'a pas manqué l'occasion de faire rappeler à ses adversaires politiques, que "le FLN, c'est l'Etat". Mieux encore, il s'est même permis d'indiquer dans quelle direction souffle le vent en ce moment : "Je profite de l'occasion pour féliciter Mahdjoub Beda qui était avec nous dans la commission de rédaction du bilan du Président, et qui est aujourd'hui revenu au gouvernement. Tout est bien qui finit bien, et on s'en réjouit." Le message est clair : pour ceux qui prétendent à de hautes fonctions, Il y a un seul train à prendre, celui du FLN, et donc du cinquième mandat. Djamel Ould Abbes, qui s'est longuement étalé sur les réalisations d'Abdelaziz Bouteflika, un bilan qu'il juge à "90% positif", a souligné que les "10% de lacunes" seront rattrapées dans le cadre du "nouveau programme du Président 2020-2030". Et comme pour signifier que l'option du cinquième mandat est définitivement tranchée, il exhibera 70 communiqués adressés par les mouhafadhas du FLN, dans lesquels les commissaires politiques du parti appellent le Président à "poursuivre ses missions". Pour conclure, il le fera, lui-même, et cette fois-ci, sans détour : "En mon nom et en celui des 700 000 militants du parti, ainsi que des citoyens fidèles à Abdelaziz Bouteflika, et je suis responsable de ce que je vais dire, nous appelons le président de la République, qui est le président du parti, à poursuivre ses missions. La décision lui revient maintenant, et nous espérons qu'il répondra favorablement à notre appel." Enfin, Djamel Ould Abbes a fait savoir que le document final, portant le bilan des réalisations d'Abdelaziz Bouteflika durant les 20 dernières années, sera bientôt remis au Président pour validation, et ce n'est qu'après que la réunion du comité central sera convoquée. "Les bilans moral et financier du parti sont prêts. Nous n'attendons plus que le document final du bilan du Président. En vérité, la convocation de cette réunion est liée à ce seul document...", a-t-il soutenu. Mehdi Mehenni