Le SG du FLN, Djamel Ould Abbes, fait encore un pas, et pas des moindres, vers ce qui s'apparente à un véritable directoire de campagne pour un cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika. Le secrétaire général du Front de libération nationale, Djamel Ould Abbes, a procédé, hier, au siège du parti, à Hydra, à l'installation de la commission de rédaction du bilan des réalisations des quatre mandatures du Président Abdelaziz Bouteflika. Cette commission, qui devra se pencher sur 3 000 pages de bilans des 48 wilayas du pays, pour en tirer "un document de synthèse uniforme", aura, selon les précisions de Djamel Ould Abbes, un "long chemin à parcourir". Il le dit d'ailleurs de manière un peu plus claire : "Aussitôt après avoir présenté le document uniforme du bilan des réalisations d'Abdelaziz Bouteflika pendant les vingt dernières années devant le comité central, le mois prochain (avril, ndlr), cette commission se transformera, dès le début de l'année 2019, en une Instance nationale de suivi des programmes du Président pour la période de 2020-2030." Etsi les allusions faites là par Djamel Ould Abbes ne sont pas déjà assez significatives, la composante de cette commission, révélée par le SG du parti, laisse peu de doutes sur ce qui s'apparente à un véritable directoire de campagne pour un cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika. Présidée par Djamel Ould Abbes, la commission est, en effet, composée du secrétaire général de la présidence de la République, Hoba El-Okbi, le conseiller du Président, Mohamed Ben Ammar Zerhouni, des ministres FLN de l'actuel gouvernement,des présidents de commissions parlementaires du parti au niveau des deux chambres, ainsi que d'anciens ministres, à l'exemple d'Abdelkader Ouali, Abdelmalek Boudiaf, Mahdjoub Bedda et Abdeslam Chelghoum. "Nous avons déjà un Président !" Le secrétaire général du FLN, qui a beaucoup insisté sur "la deuxième mission" qu'aura à accomplir cette commission, a estimé que le bilan des quatre mandatures d'Abdelaziz Bouteflika "constitue un matériau précieux pour aller à la rencontre du peuple en 2019". Et pour se faire encore mieux comprendre, Djamel Ould Abbes, qui a parlé d'"une nouvelle stratégie économique" du Président, s'étalant sur "2030", est revenu à la charge pour dire que "le FLN aura son candidat, issu du FLN, en 2019". Djamel Ould Abbes, qui, pour l'instant, préfère parler de "continuité" plutôt que de "cinquième mandat", n'a, cependant, pas cédé devant l'insistance de la presse sur l'identité du candidat du parti. Il s'est contenté de nuancer et parler par énigme : "Il n'y a que Dieu... et moi-même qui le savons." Il ajoutera, toujours à propos des intentions d'Abdelaziz Bouteflika de briguer un cinquième mandat ou pas : "Je vous le dirai lorsqu'il (Bouteflika, ndlr) me le dira." Mais, entre-temps, Djamel Ould Abbes ne s'est pas empêché d'adresser des messages aux autres partis au pouvoir, plus particulièrement au Rassemblement national démocratique (RND), le parti de l'actuel Premier ministre Ahmed Ouyahia. "La différence entre nous et les autres partis c'est que le FLN représente l'Etat. Ceux qui veulent se joindre à nous pour 2019 sont les bienvenus, mais qu'ils sachent que dans chaque navire, il y a un capitaine, et le capitaine en ce moment, c'est le FLN. Celui qui a des ambitions dans un autre parti, c'est son droit le plus absolu, mais ce ne sera pas parmi nous. Nous avons déjà un Président", a-t-il martelé. Cependant, et comme pour se donner une marge de manœuvre, étant donné l'état de santé improbable du Président, Djamel Ould Abbes n'omettra pas de signifier que "celui qui veut se porter candidat du FLN en 2019 doit poursuivre la mission avec le programme du FLN". Une manière de dire, on ne peut plus clairement, que si ce n'est pas Abdelaziz Bouteflika, le successeur sera de l'entourage immédiat du Président. Mais en attendant, Djamel Ould Abbes a fait savoir que le document de synthèse uniforme sera, dans un premier temps, présenté au président de la République, et ce n'est qu'après que la réunion du comité central sera convoquée pour exposer le bilan. Mehdi Mehenni