Des manifestations d'anciens maintenus ou rappelés de l'armée, classes de 1992 à 1996, ont été empêchées hier par les services de sécurité dans plusieurs wilayas du pays. À Béjaïa, la marche prévue à 9h depuis l'esplanade de la maison de la culture Taous-Amrouche jusqu'au secteur du commandement militaire d'El-Khemis où devait se tenir un rassemblement a été empêchée par un déploiement impressionnant de policiers. Dès 8h, nous avons remarqué une présence policière depuis le siège de la wilaya jusqu'à la maison de la culture Taous-Amrouche. Dès que les manifestants ont commencé à affluer vers le point de départ de leur marche, les policiers sont intervenus, a-t-on constaté sur les lieux, pour les disperser en leur signifiant que la marche n'est pas autorisée. Ceux qui ont refusé de quitter les lieux ont été embarqués dans des fourgons vers le commissariat central. Ces interpellations n'ont pas dissuadé les manifestants de revenir une seconde fois à la charge en tentant de marcher à partir de l'Hôtel des finances, sans succès. Les nombreux policiers présents à cet endroit les ont empêchés de marcher sans ménagement. Là aussi, les manifestants qui ont résisté aux bousculades de la police ont été arrêtés et conduits au commissariat central. Le reste du groupe de manifestants a été acheminé par les policiers vers la cité Cnep, sise en face du lycée Polyvalent, pour les disperser sans le moindre problème. Plus d'une centaine d'anciens maintenus de l'armée, venus manifester, ont été arrêtés à la fin de l'opération avant d'être libérés, apprend-on auprès des services de sécurité. Leurs délégués ont été reçus par le wali intérimaire, à savoir le SG, qui a confirmé le délégué Ali Rezali, qui a transmis leurs doléances. À souligner que la marche des anciens maintenus de l'armée devait avoir, initialement, un caractère local, à l'instar des autres wilayas. L'heure venue, elle a pris une dimension régionale à Béjaïa, selon les services de sécurité de la wilaya. Ils sont venus, indique notre source, des wilayas limitrophes. "Pour la 5e Région militaire, nous avons décidé de quatre marches dans les wilayas de Béjaïa, de Bordj Bou-Arréridj, de Constantine et d'Oum El-Bouaghi. Les maintenus de l'armée de la wilaya de Jijel sont venus marcher ici dans notre wilaya", nous a déclaré Ali Rezali, délégué national de la wilaya de Béjaïa. À Constantine, près de 200 personnes ont manifesté, hier, pour la reconnaissance de leurs sacrifices durant la décennie noire. Venus de quatre wilayas de l'est du pays, les ex-militaires qui ont entamé leur procession depuis la station Zaâmouche, mitoyenne de la sortie ouest du pont Sidi Rached, a été stoppée net par les renforts des services de police déployés dès l'aube sur les lieux. Intransigeants, les officiers de l'ordre public présents ont sommé les marcheurs de rebrousser chemin au bout de quelques dizaines de mètres seulement, menaçant de recourir à la force au moment où les manifestants scandaient "Silmiya, Silmiya". Une manière de dire que leur mouvement est pacifique, acceptant de dialoguer avec les officiers de police alors que certains parmi ces derniers faisaient montre d'une inexplicable irritation. Stratégie d'intimidation qui ne trouvera aucune résistance de la part des manifestants et qui s'achèvera par l'arrestation de quatre d'entre eux. L. Oubira/Kamel Ghimouze