Déconseillée par les médecins, l'automédication est considérée par les opérateurs du secteur de la pharmacie comme indispensable à la pérennité de leur activité. Les professionnels de la pharmacie, pharmaciens et producteurs de produits pharmaceutiques compris, ont plaidé, hier, à l'occasion de la 11e Journée nationale pharmaceutique annuelle du Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo), à l'unanimité, pour la mise en place d'un cadre juridique devant régir l'automédication. Autrement dit, la prise de médicaments sans prescription médicale à laquelle a recours la majorité des citoyens aussi bien dans notre pays que dans le reste du monde. Selon les résultats préliminaires d'un sondage commandé par l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop), au moins "52% des Algériens" ont recours, de nos jours, à l'automédication. C'est ce qu'a révélé le Dr Abdelouahed Kerrar, président de l'Unop, pour qui la réglementation et le cadrage de l'automédication s'imposent plus que jamais si l'on veut sauver l'activité aussi bien des producteurs de médicaments que des pharmaciens, mais aussi afin de réduire la facture des remboursements de la Caisse nationale des assurances (Cnas). "L'automédication peut constituer une véritable bouffée d'oxygène aussi bien pour les producteurs et les pharmaciens que pour la Caisse des assurances sociales", a martelé le Dr Kerrar, qui préconise la mise en place, le plus tôt possible, d'une commission de réflexion pour l'établissement d'une réglementation adéquate devant régir le domaine de l'automédication. Il a insisté pour que cette commission soit constituée "exclusivement" d'experts et de spécialistes en la matière, et non pas d'administrateurs et autres bureaucrates, comme c'est souvent le cas, regrette-t-il, dans notre pays. Les résultats du même sondage, ajoute le Dr Kerrar, ont démontré, sur le même sujet, que "44% des Algériens ont recours à la phytothérapie pour les soins de certaines maladies, telles que la sciatique, et dans 77% des cas, ils se procurent des médicaments hors circuit pharmaceutique". Voilà qui atteste de la place importante que prend l'automédication dans le marché du médicament. D'où l'insistance, également, de Messaoud Belhambri, président du Snapo, pour "le cadrage et la positivation" de l'automédication qui, regrette-t-il, est restée longtemps comme un sujet tabou. M. Belhambri, qui récuse le cliché de présenter le pharmacien comme un vulgaire vendeur de médicaments sans ordonnance, souvent accusé d'être l'une des causes de l'antibiorésistance et de bien d'autres accidents liés à la mauvaise éducation, défend ses confrères qui, dit-il, restent avant tout des professionnels aux compétences avérées pour conseiller leurs patients dans le cadre d'une automédication. Mettant en avant l'exemple des pays développés, tels que les USA, l'Allemagne et le Royaume-Uni, où les ventes des médicaments sans ordonnance occupent une grande part du marché du médicament, M. Belhambri appelle à encourager cette pratique en Algérie, mais dans un cadre réglementé, et à donner l'exclusivité aux professionnels, à savoir les pharmaciens. Il réclame, notamment, à ce titre, l'exclusivité de la vente des compléments alimentaires inondant de plus en plus le marché algérien. Farid Abdeladim