Ce prénom masculin est d'origine arabe. il provient de t'ufayl ‘‘petit enfant", diminutif de t'ifl ‘‘enfant", du verbe classique ṭafila ‘‘être en bas âge, être encore enfant". Ce prénom est un prénom hypocoristique –c'est-à-dire qui exprime une grande affection- symbolisant tout ce qui est menu, délicat, mignon. Le personnage le plus célèbre portant ce nom est Ibn Tofaïl, philosophe, médecin, astronome et mathématicien andalou, né à Wadî cAysh, (aujourd'hui Guadix), au nord de Grenade, en 1110, mort à Marrakech, en 1185, connu, en Europe, sous le nom latinisé d'Abentofal et d'Abubacher. Ibn Ṭufayl exerça la médecine à Grenade et la professa. Il jouit de la faveur des princes almohades, ce qui lui assura également des charges politiques. C'est ainsi qu'il fut le secrétaire d'al Ma'mûn, puis ministre et médecin officiel d'Abû Yacqûb Yûsef. Ibn Ṭufayl utilisa son influence auprès de ce sultan pour attirer les savants à la cour. C'est ainsi qu'il présenta à son maître le jeune Ibn Rushd pour éclaircir les œuvres d'Aristote, travail qu'il aurait fait lui-même s'il n'avait pas atteint un âge aussi avancé. Ce philosophe mécène réunissait parfois ses protégés et provoquait des débats philosophiques auxquels assistait le sultan. Devenu vieux, Ibn Ṭufayl abandonna la charge de médecin de cour au profit d'Ibn Rushd mais il conserva celle de ministre jusqu'à sa mort, survenue à Marrakech, en 1182. Ibn Toufayl est connu pour son ouvrage, Hayy Ibn Yaqdân, le Vivant fils du Vigilant, une œuvre philosophico-romanesque. Il s'agit de l'histoire d'un jeune homme, né par un concours de circonstance, dans une île déserte de l'océan Indien. Abandonné aussitôt après sa naissance, il dut acquérir tout seul toute l'expérience humaine, depuis la méditation sur la place de l'homme dans l'univers, jusqu'à la découverte du spiritualisme. Le livre tout entier est un hymne à l'intelligence humaine qui, malgré la solitude, est engagée dans la recherche de la vérité suprême. L'ouvrage fut traduit en Europe : d'abord en hébreu, en 1349, par Moïse de Narbonne, puis en latin, à Oxford, en 1671, par Pococke qui le publia sous le titre de Philosophus autodidactus ou Le philosophe autodidacte. Ockley le traduit en anglais en 1708. Daniel Defoe s'en est inspiré, en utilisant la traduction de Ockley, dans son Robinson Crusoé. M. A. Haddadou [email protected]