Résumé : Farida était sur le point de quitter la maison, lorsque sa mère lui proposera de passer à la poissonnerie pour payer la livraison de la veille. La jeune femme repère l'endroit et est surprise de s'entendre dire qu'on connaissait la vieille Rosa, mais pas elle. Farida fronce les sourcils. Cet homme se prend pour qui ? -Vous estimez que vous devriez connaître toutes les femmes du quartier ? Il rit. -Non, vous n'y êtes pas. Khalti Rosa est notre cliente depuis de longues années. Chaque fois qu'elle passe, nous faisons un brin de causette. Elle me parle un peu de la famille, de ammi Omar, des filles. Vous êtes sûrement l'une de ses deux filles mariées, n'est-ce pas ? -Non, je suis la benjamine. -Ah ! je vois. -Vous ne voyez rien, monsieur. Je n'ai pas de temps à perdre en palabres, moi, en sus avec un poissonnier. Tenez, voici votre argent. Bonne journée, monsieur. Elle dépose ses billets sur le comptoir et tourne les talons sous l'œil désapprobateur de l'homme. "Quelle audace !", se dit-elle en traversant la rue pour rejoindre son véhicule. Dès son retour à la maison, elle tente de recontacter Merouane. Ce dernier ne répondait toujours pas, mais cette fois-ci elle recevra un message qui lui annoncera que son fiancé se trouvait loin de la ville pour le week-end, sans donner plus de détails. Farida est offusquée. D'habitude, Merouane lui proposait de l'accompagner, mais vu ce qui s'était passé la veille, il a préféré prendre ses distances cette fois-ci. Pour combien de temps ? La jeune femme hausse les épaules. Puisque c'est comme ça, elle aussi refusera de répondre à ses coups de fil et lui fera un message pour lui annoncer qu'elle était en mission. En fait, ce sera le cas pour la semaine à venir. Le lendemain, alors qu'elle se rendait à son travail, elle rencontre dans les escaliers un jeune coursier. Il portait un panier de poisson. Elle sourit à sa vue. Sa mère est incorrigible, elle ira jusqu'à se ruiner pour un kilo de sardine s'il le fallait. Elle se dirige vers son véhicule garé dans le parking et constate qu'une camionnette lui en barrait l'accès. Furieuse à la pensée d'être en retard à son boulot à cause d'un imbécile qui n'avait rien trouvé de mieux que de se mettre là, elle se met à fureter dans tous les sens, comme si par un simple regard elle allait dénicher le chauffeur et l'obliger à enlever sa camionnette, en vain. Hormis quelques résidents, qui s'empressèrent de quitter les lieux, il n'y avait aucune trace de ce dernier. Elle sentit la colère la gagner. On n'a pas idée de bloquer un véhicule à cette heure de pointe ! Soudain, elle remarque le poissonnier de la veille qui s'avançait vers elle. Elle plisse les yeux. Cet homme était-il le propriétaire de la camionnette ? Si c'est le cas, il va l'entendre. L'homme se dirige effectivement vers le véhicule. Il ébauche un sourire à la vue de la jeune femme, et les mains dans les poches, il lance : -Bonjour, madame. -Il est à vous ce véhicule, lance Farida à brûle-pourpoint. -Il appartient à mon patron qui m'a justement demandé de décharger la marchandise. (À SUIVRE) Y. H.