Alors que les hôpitaux fonctionnent au ralenti depuis plusieurs mois déjà, en partie à cause de leur mouvement de grève, les médecins résidents ont décidé de ne plus assurer de gardes, y compris les gardes d'urgences, à partir d'aujourd'hui. Ce qui va, inévitablement, provoquer une paralysie totale de l'ensemble des services spécialisés où ils sont affectés. Face à cette situation, la tutelle n'a pas trouvé mieux que de répondre en annonçant la réquisition des grévistes à partir du même jour. Mais c'était compter sans le statut d'étudiant conféré aux médecins résidents, les mettant, donc, hors de portée de toute éventuelle réquisition. Ainsi, le conflit est parti pour s'enliser davantage. Du coup, les hôpitaux publics risquent de connaître une situation sans précédent où les patients restent les grands perdants ! La "désertion" des services par les médecins résidents, au nombre de 15 000 au niveau national, se répercutera négativement sur la prise en charge des patients, notamment à travers les structures de santé publique spécialisées où cette frange de médecins assument, malgré leur statut d'étudiant, la majeure partie des tâches. De l'aveu de leurs aînés, les médecins résidents constituent même la cheville ouvrière des différents services spécialisés. D'où, d'ailleurs, leur montée au créneau, somme toute légitime, pour réclamer, entre autres, un statut digne de médecins spécialistes. Lequel statut, s'il était établi, aurait sans doute suffi à justifier la décision de la tutelle de les réquisitionner. Après plusieurs rounds de négociations, d'abord avec le comité d'experts mis en place au ministère, puis avec le ministre de tutelle en personne, les médecins résidents n'ont obtenu que quelques promesses vagues concernant leurs revendications. Celles-ci, rappelons-le, concernent notamment la révision de leur statut, l'abrogation du caractère obligatoire du service civil ou encore l'exemption des médecins résidents âgé de 30 ans et plus du Service national, au même titre que le reste de la jeunesse algérienne conformément à la décision présidentielle de 2014. Face à la sourde oreille du ministère dont les propositions ne les avaient pas convaincus, et après plusieurs mois de répression et d'intimidations, les médecins résidents, regroupés dans un collectif autonome (Camra), disent qu'ils n'ont d'autre choix que d'arrêter toute activité, y compris les gardes d'urgences, voire le service minimum. La réquisition décidée par le ministre est loin de les dissuader. Bien au contraire. Ils déclarent qu'une telle décision renforce davantage leur détermination, en ce sens qu'elle traduirait la reconnaissance, par la tutelle, de "l'importance" de leur présence dans les centres hospitalo-universitaires (CHU), ainsi que les différents services spécialisés où ils sont affectés. Jusqu'où ira ce bras de fer ? Farid Abdeladim