À l'horizon 2030, à l'issue de la mise en œuvre de ce plan d'action, Sonatrach aura généré 60 milliards de dollars de revenus supplémentaires. Les grandes lignes de la stratégie Sonatrach 2020-2030 ont été dévoilées lundi à l'occasion de la conférence de presse sur le bilan de la compagnie nationale en 2017 organisée au siège de l'entreprise. L'ambition de Sonatrach est d'être parmi les 5 plus grandes compagnies pétrolières du monde, a souligné son P-DG, Abdelmoumene Ould Kaddour. Le principal de cette grande transformation que veut engager son patron se résume à réaliser 60 milliards de dollars de revenus supplémentaires, dont 50% contribueront à la richesse nationale et 50% seront investis dans les réserves, les capacités de production et le personnel (en formation, développement d'expertise), soit une moyenne de 5 milliards de dollars/an. Pour y parvenir, Sonatrach "vise à doubler le volume annuel de découvertes d'hydrocarbures, le doublement de la productivité à 6 puits/an/rig en développement et 4 en exploration, le renforcement du contrôle sur le planning et les coûts des grands projets pour réduire le manque à gagner, estimé à 3 milliards de dollars et l'augmentation de la production sur les champs existants de 2 millions de tonnes par an, au développement de ressources offshore en Méditerranée". Sonatrach vise à développer les ressources non conventionnelles, en particulier le gaz de schiste, à se lancer dans les énergies renouvelables avec une capacité de production d'électricité de 1 300 MW à partir du solaire qui alimenteront en énergie les champs d'hydrocarbures du pays. Concernant sa stratégie à l'international, la compagnie pétrolière nationale a pour objectifs d'accéder à de nouvelles réserves et exporter le savoir-faire (métier et services), l'acquisition de capacité de raffinage à l'étranger, le développement en partenariat d'une capacité de trading. En matière de commercialisation et en aval, parmi ses objectifs figure le redéploiement de 50% de la commercialisation du gaz sur de nouveaux marchés, notamment à travers le trading, le renforcement des capacités de raffinage à l'étranger, le développement en partenariat d'une capacité de trading. La réalisation de ces objectifs passe par une nouvelle réorganisation au niveau de Sonatrach, en particulier de nouvelles directions, une direction énergie renouvelable, l'aval est subdivisé en deux directions : la direction liquéfaction et séparation, la direction raffinage et pétrochimie, une direction de suivi de ce plan, une direction Business Unit chargée de la planification et du suivi des projets de Sonatrach. Cela passe par une nouvelle politique de ressources humaines : la révision du processus ressources humaines pour rendre les carrières plus attractives. À cela s'ajoutent l'introduction d'outils digitaux pour obtenir des gains opérationnels, la définition d'ambitions chiffrées et la mise en place d'une boucle de pilotage de la performance. En un mot, l'organisation devrait être aux standards des plus grandes compagnies internationales. "Sonatrach vit une situation difficile" La question est de savoir si ce plan va réussir et si Sonatrach parviendra à se hisser au rang des cinq plus grandes compagnies dans le monde ? Un pari très difficile. Tout simplement parce que l'Algérie en crise, Sonatrach n'a plus les moyens financiers d'avant-2014. Les moyens humains risquent de manquer également avec la fuite des cadres vers d'autres compagnies et les départs à la retraite qui accentuent le problème de relève. À juste titre, le P-DG de Sonatrach, au cours de la conférence de presse, a souligné que sans l'adhésion des travailleurs de Sonatrach à ces transformations, cette stratégie ne pourrait réussir. À cela se conjuguent de graves problèmes de gestion à Sonatrach. Le P-DG de Sonatrach l'a reconnu : "Sonatrach vit une situation difficile." Le patron de la pétrolière nationale a, en ce sens, pointé du doigt de graves problèmes de gestion qui freinent aujourd'hui le développement du groupe. Il a cité la complexité des procédures qui engendrent des lenteurs dans la mise en œuvre des projets d'investissement de la compagnie et l'insuffisante maîtrise dans les délais d'exécution des grands projets qui génèrent des surcoûts évalués à 3 milliards de dollars. Abdelmoumène Ould Kaddour renvoie ses difficultés en particulier aux effets du scandale de corruption qui a éclaté en 2010 et qui a ouvert une période caractérisée par l'absence de décision sur des projets vitaux pour la compagnie, la démobilisation, ainsi que la fuite importante des cadres qui s'ensuivit. Pour le patron de Sonatrach, la compagnie nationale vit encore les séquelles de cette crise. En outre, la compagnie connaît un problème de communication. "Ce que j'ai remarqué lorsque j'ai pris mes fonctions, c'est cette absence de communication interne au sein de Sonatrach", a-t-il ajouté. Fethi Arabi, le conseiller du P-DG, dans sa communication sur la stratégie Sonatrach 2030, a ajouté que ses difficultés de gestion se conjuguent avec un environnement international défavorable (volatilité des prix du pétrole, baisse de la demande en gaz sur le marché international, effets négatifs de la libéralisation du marché gazier international menaçant les contrats gaziers de long terme). K. Remouche