Afin de préserver ses intérêts économiques, l'Iran préfère recourir à la diplomatie pour sauver l'accord sur son nucléaire après la décision de Donald Trump d'en faire sortir les Etats-Unis. Avant de rencontrer ce mardi à Bruxelles les trois pays européens signataires de l'accord, à savoir l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France, qui ont décidé de ne pas en sortir, le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a débuté hier à Pékin une tournée diplomatique qui le mènera également à Moscou. Son objectif est de sauver l'accord nucléaire et surtout préserver les intérêts économiques de son pays, après la sortie fracassante des Etats-Unis de cet accord historique. Il est clair que Téhéran, refusant de se laisser entraîner dans un conflit ouvert avec Israël, qui pourrait lui aliéner ses partenaires européens, préfère temporiser avant de mettre à exécution ses menaces. L'Iran avait affirmé qu'il se préparait à reprendre "l'enrichissement industriel" d'uranium "sans aucune restriction", à moins que l'Europe ne fournisse de solides garanties de maintien des relations commerciales avec l'Iran, malgré les sanctions américaines. Il faut aussi noter qu'en Iran, les ultraconservateurs se mobilisent contre les efforts du gouvernement pour sauver l'accord nucléaire. Ils s'opposent à toute concession aux Européens. Des milliers de personnes ont manifesté à Téhéran contre l'accord nucléaire en brûlant des drapeaux américains et en lançant des slogans anti-israéliens. Ainsi, sur le plan intérieur, le gouvernement iranien doit en outre faire face à des défis politiques importants, comme un taux de chômage et une inflation élevés. Beaucoup d'observateurs disent que les sanctions internationales permettent seulement au gouvernement de blâmer les étrangers pour ses propres mauvaises décisions. Par ailleurs, la tournée diplomatique de Javad Zarif est rendue compliquée par l'escalade militaire récente entre son pays et Israël, sur le théâtre de guerre syrien. Les dizaines de frappes israéliennes contre des cibles présentées comme iraniennes en Syrie, jeudi, ont tué 27 combattants pro-régime, dont 11 Iraniens, selon l'OSDH. Israël a affirmé avoir répliqué au tir d'une vingtaine de roquettes par les Gardiens de la révolution, l'armée d'élite iranienne, depuis la Syrie vers la partie du plateau du Golan occupée par l'Etat hébreu. La Maison-Blanche a soutenu la version israélienne, accusant l'Iran "d'actions irresponsables (...) qui représentent une grave menace pour la paix et la sécurité de la région". L'Iran a démenti et accusé l'Etat hébreu d'avoir lancé des attaques contre la Syrie sous des "prétextes inventés". À la fin de sa tournée, le chef de la diplomatie iranienne, qui aura discuté avec tous les pays restés dans l'accord, ainsi qu'avec la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, sera bien fixé sur l'avenir de cet accord. Merzak Tigrine