Résumé : Brusquée par l'invitation à dîner du poissonnier, Farida tente de se dérober. Mais il la retient. Il voulait juste qu'ils fassent plus ample connaissance. La jeune femme tente de garder ses distances en lui avouant qu'elle était fiancée. Elle se met à marcher d'un pas rapide et se retourne pour s'assurer qu'il ne la suivait pas. Mais l'homme se tenait toujours devant la devanture de son commerce, les bras ballants et le regard branché sur sa silhouette. La jeune femme s'empresse de rentrer chez elle. La nuit était tombée depuis un bout de temps déjà. La cité retrouvait son calme nocturne, et seuls quelques badauds discutaient entre eux à la lisière du parking. Farida était déphasée. Elle récupère son cartable dans son véhicule, puis s'engouffre dans son immeuble. Son cœur cognait dans sa poitrine. Elle avait le souffle court, et cela n'était pas dû aux deux étages qu'elle venait de monter. Non. C'était plutôt Mehdi qui en était la cause. Avant d'ouvrir la porte d'entrée, elle s'adosse au mur et tente de reprendre ses esprits. Cet homme avait le don de la mettre dans tous ses états. Sans savoir pourquoi, elle dut s'avouer qu'elle se sentait vulnérable et sans défense en sa présence. C'était la première fois de sa vie où un homme la désarçonnait autant. Elle déglutit. Que lui arrive-t-il ? Etait-elle en train de tomber amoureuse de ce poissonnier ? Elle porte la main à son cœur, puis à son front brûlant. Avait-elle de la fièvre ? Etait-elle malade ? Sans plus attendre, elle prend sa clef dans son sac et ouvre la porte de l'appartement. La vieille Rosa était dans la cuisine, et une musique s'échappait de la radio. Farida se dirige d'un pas de loup vers sa chambre. Elle n'avait pas envie d'affronter le regard de sa mère ce soir, ni de lui raconter ce qui s'était passé entre elle et Mehdi. Désormais, elle s'abstiendra même de s'approcher de la poissonnerie. Elle avait pourtant une bonne nouvelle à lui annoncer. Son père et elle vont pouvoir partir dans deux semaines à La Mecque. Elle avait tout arrangé le jour même avec l'agence de voyages. Néanmoins, dans l'état où elle était, elle préféra se réfugier dans sa chambre. Elle jette pêle-mêle ses affaires sur son lit, puis se débarrasse de ses chaussures et de sa veste, avant de s'allonger. Son cœur avait repris son rythme régulier, mais son esprit bouillonnait. Va-t-elle céder à un moment de panique ? Elle n'était pas pourtant le genre de femme qui s'affolait pour de telles idioties. Mehdi lui avait paru un peu plus entreprenant ce soir. En fait, en se rappelant leurs deux dernières rencontres, elle se rappelle qu'il avait toujours eu ce regard ardent. Lui plaisait-elle ? Elle se mord les lèvres pour réprimer un fou rire. Elle était fiancée à Merouane. Un type cultivé, qui savait apprécier la vie et qui l'aimait. Elle hausse les épaules. Elle était jeune et belle, et pouvait plaire à un tas d'hommes, sans pour autant s'en formaliser. Mais pourquoi se mettait-elle alors dans un tel état pour un simple geste de ce poissonnier qui, sans aucun scrupule, l'avait invitée à dîner ? Il la prenait pour qui ? Elle se lève et se met à arpenter sa chambre de long en large. La glace de sa coiffeuse lui renvoie son reflet. Elle se découvre un regard hagard et une mine épouvantable. Non. Elle n'était plus la même femme. Pas celle qui tenait en haleine son auditoire et savait diriger son service d'une main de maître. Ce soir, elle n'était qu'une esclave. L'esclave captive d'un homme qu'elle connaissait à peine. (À SUIVRE) Y. H.