Le parti de Mohcine Belabbas est convaincu que le passage du projet de LFC-2018 devant le Conseil des ministres est retardé à dessein. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) jette un véritable pavé dans la mare. Selon lui, le retardement de la présentation du projet de loi de finances complémentaire au Conseil des ministres serait loin d'être fortuit. Dans un communiqué sanctionnant la réunion de son secrétariat national, rendu public hier, le RCD estime que ce retard aurait pour objectif de permettre la promulgation de cette loi par ordonnance à même d'éviter tout débat. "Tout le monde sait que les retards enregistrés dans la loi de finances complémentaire pour son passage au Conseil des ministres sont faits à dessein pour que le texte soit promulgué par ordonnance et éviter ainsi tout débat — certes formel au vu du vote bloqué des partis du pouvoir — au niveau de l'APN", lit-on, en effet, dans le communiqué du parti. Le RCD dénonce dans la foulée le nouveau règlement intérieur de l'APN lequel, regrette-t-il, "ne laisse aucune initiative à l'opposition et renforce le contrôle sur les députés". En gros, le parti de Mohcine Belabbas dresse un tableau des plus noirs sur la gouvernance du pays dont les politiques de replâtrage n'épargnent désormais quasiment aucun secteur. Pour étayer son constat, il citera les multiples couacs affectant de plus en plus plusieurs départements ministériels. Le RCD déplore particulièrement l'instabilité du secteur du commerce dont les annonces contradictoires de chacun des récents ministres ayant fini par "désorienter les investisseurs". "Le chef de l'Etat, qui a consommé quatre ministres du Commerce en l'espace d'une année, ne semble pas mesurer les dégâts qu'occasionne une telle instabilité dans un secteur aussi sensible", regrette le RCD. Une situation qui s'est répercutée sur les investisseurs, en particulier, et sur l'économie du pays, en général. L'instabilité de ce secteur, souligne le RCD, conforterait "les fraudeurs et les agents parasites du marché informel" au détriment des investisseurs "livrés à une gestion administrative de court terme". Le RCD reproche, par ailleurs, aux responsables du secteur du commerce de "passer leur temps à rédiger des communiqués sur le renforcement du contrôle" et de traiter les citoyens de "boulimiques" en ce mois de Ramadhan au lieu de tenter de réguler le marché et maîtriser la flambée des prix. Mais ce mode de gestion ne semble pas étonner, outre mesure, le RCD, qui regrette que "cette trame n'a rien d'anecdotique" tant que bien d'autres secteurs subissent le même sort. Il cite, entre autres, les rectifications de dernière minute du projet de loi de finances complémentaire, en particulier sur les concessions agricoles, "les va-et-vient" dans le secteur de l'éducation, les "inconséquences" dans le traitement du statut et de la grève des résidents, ou encore "les couacs de notre diplomatie". Ces derniers, regrette encore le RCD, "s'ajoutent aux manipulations de la scène politique pour tuer dans l'œuf toute alternative au statu quo de rigueur". Le RCD ne manque pas de dénoncer l'autre projet de loi organique relatif aux lois de finances. Le RCD estime que ce projet "cultive l'ambiguïté et les approximations et dessaisit l'Assemblée, y compris dans ses prérogatives fiscales traditionnelles en privilégiant dans de nombreux domaines la voie réglementaire (l'Exécutif)". Le parti rappelle que son représentant à la commission des finances de l'APN s'est positionné, sans succès, pour un renvoi du texte à l'Exécutif. Farid Abdeladim