Si Moscou et Riyad poussent sérieusement vers la diminution de la production de l'Opep et de celle des non-Opep, les cours de l'or noir vont chuter à 65 dollars le baril, sous l'effet de l'abondance de l'offre, estime l'expert en énergie, Said Beghoul. La Russie et l'Arabie saoudite, qui jouent un rôle essentiel dans les marchés pétroliers, montent au créneau, évoquant la perspective d'une augmentation de l'offre pétrolière des pays Opep et des pays non-Opep. Cela a retenti et a fait l'effet d'une bombe, les cours du brut se sont à nouveau repliés, atteignant 76 dollars le baril. Moscou et Riyad semblent ainsi faire marche arrière dans le travail de coordination entre les différents pays signataires de l'accord de limitation de la production conclu fin 2016 et entré en vigueur début janvier 2017. L'accord porte sur une baisse de 1,8 million de barils par jour. Il court jusqu'à la fin 2018. Il a permis, dans un contexte changeant, de tirer les prix vers le haut, le baril grimpant à 80 dollars (mi-mai), pour la première fois depuis novembre 2014, soutenu par les incertitudes autour de l'Iran et du Venezuela, contre 30 dollars en janvier 2016. Certains observateurs ont même évoqué la perspective d'un baril à 100 dollars. Evidemment, si Russes et Saoudiens restent sur leur position, ils causeront des lézardes dans cet accord. Et cela signifie pour l'Opep et ses alliés non-Opep le retour à la case départ doublé d'un échec. Et si cela se produit, plusieurs pays pétroliers, à commencer par les petits producteurs, trembleront dans leurs "sandales", craignant le pire pour les marchés. Cependant, une question : qu'est-ce qui a changé dans la stratégie russe et saoudienne pour envisager un relèvement de la production ? Dans sa déclaration, le ministre saoudien, cité par des agences de presse, a estimé que les pays producteurs "auront bientôt la possibilité de libérer l'offre". Et de tempérer que le retour du pétrole sur le marché "doit se faire progressivement et que nous ne le ferons pas rapidement", précisant que cela interviendra "probablement au second semestre de cette année". En Russie, la question a été abordée au plus haut niveau, puisque c'est Vladimir Poutine qui en a parlé en premier, son ministre de l'Energie en second. Poutine, cité par des médias russes, a jugé "équilibré" un prix du baril à 60 dollars, "suffisant pour prévoir des investissements et les mettre en œuvre". Il a ajouté que des prix supérieurs pouvaient "créer des problèmes pour les pays consommateurs", affecter l'économie mondiale et favoriser les concurrents de la Russie tels les producteurs de pétrole de schiste aux Etats-Unis. Saïd Beghoul, expert en énergie, explique dans une déclaration qu'il nous a fait que la fédération de Russie et l'Arabie saoudite semblent croire au fair-play, estimant ainsi qu'un baril à bas prix n'est pas bon pour les producteurs et qu'un baril à des prix élevés n'est pas bon pour les consommateurs. Aussi, faut-il un prix qui arrange tout le monde. L'expert explique que si Moscou et Riyad poussent sérieusement vers la diminution de la production de l'Opep et de celle des non-Opep, les cours de l'or noir vont chuter à 65 dollars le baril, sous l'effet de l'abondance de l'offre. Une offre, dit-il, composée de la production de l'Opep et des pays qui lui sont extérieurs majorée d'un supplément d'un million de barils (l'augmentation souhaitée par la Russie et l'Arabie saoudite) et de la production américaine (10,7 millions de barils par jour). Youcef Salami