Les auteurs de l'initiative, et éventuellement les potentiels soutiens, se réuniront au début du mois de juin pour évaluer l'impact de l'action et lui déterminer une continuité. "Nous avons interpellé directement le président de la République et nous l'avons mis devant ses responsabilités." C'est en ces termes que Soufiane Djilali, secrétaire général de Jil Djadid, résume la démarche des 14 personnalités qui ont requis du chef de l'Etat de quitter la magistrature suprême au terme de son mandat en cours. L'action paraît, a priori, prématurée, voire inopportune, dès lors que le président Bouteflika n'a exprimé publiquement, à aucun moment, son intention de se porter, une autre fois, candidat à sa propre succession en 2019. Notre interlocuteur décrypte la situation autrement. "Depuis plusieurs semaines, nous assistons à une agitation d'hommes d'affaires, de zaouïas, de partis politiques arrimés au pouvoir... qui veulent imposer le 5e mandat. De l'autre côté, l'opposition se résigne au fait accompli. Dans ce climat, il était nécessaire de cristalliser le mécontentement d'une grande partie de la population et de combattre le sentiment de soumission", explique-t-il, avant de préciser qu'il ne s'agissait nullement de fédérer un nombre important de signataires, du moins au moment de la diffusion de l'appel. "Trois personnes contactées n'ont pas voulu adhérer à l'initiative. Ce n'est pas grave. Il nous fallait réunir des gens crédibles, représentatifs et qui ne sont pas impliqués dans le jeu des clans. C'est fait", précise M. Djilali. Les objectifs assignés à cette entreprise politique sont-ils pour autant atteints ? "Les échos sont bons. Mais nous ne pouvons pas juger de l'impact sur la foi de quelques appels. Quoi qu'il en soit, c'est un premier pas pour préparer une action continue", répond le militant politique. Nacer Djabi, sociologue, parle, lui, de l'exercice du droit de s'exprimer et de se positionner sur une question qui engage l'avenir du pays. "Le texte est clair. Le 5e mandat n'est bon ni pour le pays ni pour la personne. Il est évident que le président Bouteflika ne peut plus assumer ses charges aux commandes de l'Etat. C'est notre droit, en tant que citoyens, de refuser le mandat de trop qui rendra plus difficile le changement pacifique. Cela n'a rien de personnel." Il insiste sur le fait qu'il a adhéré à l'appel en sa stricte qualité de citoyen. "Il ne faut pas nous soumettre, puis nous réveiller un jour au cœur d'une révolution", conclut-il, en se référant au Printemps arabe qui a ébranlé de nombreux pays. "Nous voulons sortir de la léthargie qui a caractérisé le 4e mandat. Nous incitons les détenteurs du pouvoir à la raison. Il faut qu'ils prennent conscience de la gravité de la situation autant au plan politique qu'économique et social", souligne Mme Zoubida Assoul, ancienne magistrate, présidente de l'UCP (Union pour le changement et le progrès). Elle soutient qu'il ne convenait pas d'attendre de fédérer davantage de signataires de l'appel ou de réunir les meilleures conditions à l'aboutissement de la démarche. "Nous ne préjugeons pas de la réussite de l'action. Nous agissons, en utilisant le peu de moyens dont nous disposons. À partir de là, que ceux qui souhaitent, autant que nous, un changement intelligent et pacifique, nous rejoignent." Mme Assoul assure que l'initiative est réfléchie et concertée. Elle informe que les signataires de l'appel et, éventuellement, les potentiels adhérents supplémentaires se réuniront au début du mois de juin pour évaluer l'impact de la démarche et déterminer les actions qui suivront. Souhila H.