L'annonce surprise, faite par Zidane ce jeudi matin ,de quitter son poste d'entraîneur du Réal de Madrid est une véritable leçon à retenir. Quitter le navire en pleine gloire est une décision Zidane reste constant dans sa démarche. La philosophie avec laquelle il aborde sa carrière (en tant que joueur et après entraîneur) est quasiment inédite. Il avait raccroché les crampons en entrant dans l'histoire. Il avait décidé de quitter le monde du football après le mondial 2006. Une promesse tenue avec à la clé, une finale de coupe du monde (il avait inscrit le seul but de la France) perdu aux tirs au but et une insolite expulsion à quelques minutes de la fin de match. Douze ans après il refait le coup, à sa manière. Son parcours continue d'être singulier et sa carrière est digne d'être au cœur d'un immense travail cinématographique. L'exceptionnel joueur qu'il a été, et l'excellent entraîneur qu'il est devenu, n'ont pas d'égal. En convoquant l'histoire du football il est très difficile de trouver des cas similaires. Quitter alors qu'on est au sommet est très rare. Il y a néanmoins quelques exemples.Il s'agit d'un autre français, mal aimé chez lui, mais adulé ailleurs (surtout en Angleterre). Eric Cantona, il y a 11 ans, avait quitté les terrains en pleine gloire. Il a pris sa retraite à 6 jours de son 31e anniversaire et alors qu'il venait de gagner un nouveau titre de champion d'Angleterre avec Manchester United. Sa phrase, lâchée le 18 mai 1997, annonçant sa décision,donnait un aperçu sur cet exceptionnel joueur, devenu depuis un homme de théâtre et de cinéma: « J'ai toujours prévu de prendre ma retraite en étant au sommet, et à Manchester United j'ai atteint l'apogée de ma carrière » . Celui qui avait écarté Cantona de la sélection française, l'entraîneur Aimé Jacquet, est également un « cas ». Il a quitté son poste d'Entraîneur des bleus au soir de la finale de coupe du monde 1998 (gagnée face au Brésil, 3-0) en lâchant « je pars avec la satisfaction du devoir accompli». Il avait ajouté des mots qui ressemblent étrangement aux propos de Zidane de ce jeudi : « Je dis simplement qu ́il faut un homme nouveau à la tête de l ́équipe de France. Pour que passe un langage différent. Une autre ligne directrice. » Qu'en est-il des algériens ? La réaction d'un internaute sur les réseaux sociaux donne un aperçu sur le sujet : « Avec notre mentalité il est très compliqué de trouver des gens qui ont la décence de se retirer au bon moment. Charles Aznavour a bien chanté ‘Il faut savoir quitter la table', mais on a presque jamais su ». Toutefois il y a une personne, étrangère, mais dont la place qu'il a gagnée dans le cœur des algériens est indéniable. Vahid Halilhodzic a quitté les Verts alors qu'il venait d'accomplir un excellent parcours avec l'EN. Malgré l'insistance de Raouraoua (à l'époque Président de la FAF) et du président Bouteflika, le Bosniaque a refusé de revenir sur sa décision de démissionner de son poste d'entraîneur. Ça remonte déjà à presque 4 ans et son image, chez les algériens, est toujours intacte. Les stades, dans les différentes régions du pays, chantent encore ses louanges. Le respect gagné auprès des algériens par Halilhodzic est paradoxalement bien plus grand que celui d'un de ses homologues, pourtant un enfant du pays. Derrière plusieurs exploits du football, dont deux participations à une coupe du monde (1986 et 2010), et surtout le « concepteur » du match de Oum Dormane, Rabah Saadane, n'a néanmoins pas su fructifier ses exploits. S'il avait quitté la barre technique après la qualification acquise (novembre 2009) de haute main devant l'Egypte au Soudan, ou au moins 7 mois après, de retour du mondial sud-africain, l'actuel DTN de la sélection algérienne serait rentré dans l'Histoire, avec un grand H, par la grande porte. Certains diront qu'avec sa carrière il y est déjà . Mais comment effacer des esprits qu'il n'a quitté son poste d'entraîneur des Verts qu'après avoir été contraint de démissionner. Les insultes qu'il avait reçu le 03 septembre 2010 des tribunes stade du 5-juillet (match contre la Tanzanie comptant pour les éliminatoires de la Coupe d ́Afrique des nations CAN-2012) par les supporters doivent résonner encore dans ses oreilles. Une bien piètre image ce jour là. Il jettera l'éponge le lendemain. Au-delà du football, du sport, la liste des "élus" est loin d'être longue. En Algérie, même si c'était dans des conditions particulières, l'histoire retiendra que Liamine Zeroual a quitté la présidence avant la fin de son mandat. Malgré les multiples tentatives de le convaincre de revenir à la scène politique, l'enfant de Batna est resté intransigeant dans sa décision. Le respect récolté depuis est impossible à mesurer, ni à quantifier, mais c'est indéniable qu'il est immense. Il n'a pas de valeur. La vox populi a souvent su reconnaître les siens. Salim KOUDIL @SalimKoudil