Après que le président américain Donald Trump eut accusé l'Opep, le mois dernier, de faire monter "artificiellement les prix", les Etats-Unis ont demandé à l'Arabie saoudite et à certains autres pays de l'Opep d'augmenter leur production de pétrole. Selon l'information donnée hier par Bloomberg News, la hausse demandée par Washington se situe autour d'un million de barils par jour. Cette demande fait suite à une envolée des prix à la pompe aux Etats-Unis au plus haut depuis plus de trois ans. Elle intervient par ailleurs après la décision des Etats-Unis d'imposer à nouveau des sanctions contre l'Iran. Jusqu'à il y a quelques semaines, l'Opep avait dit ne pas voir la nécessité d'assouplir son accord d'encadrement malgré une baisse des stocks mondiaux au niveau qu'elle souhaitait et les craintes des pays consommateurs de voir la hausse des prix peser sur la demande. Entre-temps, alors que la Russie et l'Opep profitent des cours élevés du brut, qui a pris près de 20% depuis la fin de l'année dernière, la réduction de leur pompage a incité les producteurs de pétrole de schiste américains à accroître leur production et à gagner des parts de marché. Cette situation, combinée avec l'effondrement de la production vénézuélienne et une éventuelle baisse des exportations iraniennes, a, au final, incité l'Opep à changer de fusil d'épaule. Ainsi, depuis la semaine passée, l'Arabie saoudite et la Russie se sont dits prêts à assouplir l'accord de réduction de la production. L'Opep pourrait même décider de relever sa production d'environ un million de barils par jour dès juin pour pallier toute pénurie en provenance d'Iran ou du Venezuela, avait rapporté Reuters. L'ampleur de la hausse demandée par Washington correspond exactement à celle envisagée par l'Opep et se combine bien avec la diminution projetée de la production iranienne, conséquence des sanctions américaines. Tout le monde semble d'accord pour gripper la dynamique haussière du prix du pétrole mettant ainsi fin au rêve de voir, à nouveau, un baril à 100 dollars. Ce qui aurait permis aux pays dépendant essentiellement de leurs exportations d'hydrocarbures, à l'instar de l'Algérie, de renflouer leurs caisses asséchées par la dégringolade des cours de l'or noir. Selon des analystes de WTRG, Riyad "veut un prix du baril proche de 70 dollars et ne veut pas qu'il monte à 90 dollars pour ne pas pénaliser les consommateurs". Pour sa part, le président russe, Vladimir Poutine a indiqué : "Nous n'avons pas intérêt à une hausse des prix sans fin", jugeant "équilibré" un prix du baril à 60 dollars. Ce qui est, selon lui, "suffisant pour prévoir des investissements et les mettre en œuvre". Après avoir atteint des sommets fin mai (ayant dépassé la barre des 80 dollars), les prix du pétrole connaissent une relative stabilité, autour de 75 dollars pour le Brent de la mer du Nord. Dans la matinée d'hier, le baril de Brent pour livraison en août valait 74,62 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 67 cents par rapport à la clôture de lundi. Les prix ont été freinés également par le fait que les Etats-Unis augmentent leur production, après l'ajout de deux plateformes pétrolières aux Etats-Unis au cours de la semaine menant au 1er juin, portant le total à 861, selon Baker vendredi. Il s'agit d'un plus haut depuis mars 2015. Jusqu'à ce que la réunion de l'Opep, prévue le 22 de ce mois, donne plus de détails sur les prochaines étapes, le marché sera caractérisé par une volatilité des prix. Saïd Smati