Le Maroc fait face à une nouvelle contestation sociale, marquée, notamment, par le boycott de produits alimentaires en raison des augmentations de prix, qui met le gouvernement dans une mauvaise posture. Après plus d'une année de protestation à Al-Hoceima et toute la région du Rif, et la ville minière de Jerada, secouée également par un mouvement de contestation, les manifestations contre la cherté de la vie se multiplient. La dernière en date est celle menée par des centaines de salariés de la filiale marocaine de Danone, durant la nuit de mardi à hier, devant le Parlement à Rabat pour exprimer leurs craintes de perdre leurs emplois. Outre les produits laitiers de Danone, plusieurs autres produits font l'objet d'une vaste et inédite campagne de boycott au Maroc, lancée anonymement, il y a six semaines, sur les réseaux sociaux contre la cherté de la vie. Cette campagne cible, entre autres, les stations-service Afriquia et l'eau minérale Sidi-Ali. a défaut de réponses concrètes du gouvernement, accusé de fuite en avant, notamment dans sa gestion policière de la contestation sociale dans le Rif et à Jerada, les mouvements sociaux risquent de se propager à d'autres régions du pays. Les sanctions du roi contre certains responsables locaux n'ont eu d'ailleurs aucun effet sur une rue qui bouillonne et dénonce le recours à la force et aux arrestations massives des leaders des mouvements sociaux. Cette répression féroce n'a pas échappé aux ONG de défense de droits de l'Homme, au-delà des frontières du pays. "Les forces de l'ordre ont fait un usage excessif de la force contre des manifestants, ont gravement blessé un garçon de 16 ans, percuté par une fourgonnette de police conduite de manière irresponsable, et ont arrêté des leaders du mouvement de protestation, qui auraient ensuite été maltraités en détention", s'est indigné Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué publié lundi. L'ONG a souligné que cette répression s'apparente à la réaction des autorités, en 2016-2017, suite à des manifestations dans la région du Rif, et dont l'objet était également de protester contre ce qui était perçu comme le désintéressement du gouvernement face au manque d'opportunités socioéconomiques dans la région. Malgré cette répression, les manifestations se renouvellent périodiquement, et le gouvernement marocain s'est limité à mettre en garde contre les effets négatifs que pourrait avoir le boycott sur l'emploi et l'économie. D'ailleurs, la tension exercée par la rue déteint sur la vie politique au Maroc, donnant lieu à de vifs échanges d'accusations au Parlement entre des députés du Parti de l'Authenticité et de la Modernité et le ministre délégué chargé des Affaires générales et de la Gouvernance lors de la séance des questions orales.