Cet ouvrage qui regroupe l'étude critique de 10 titres d'auteurs maghrébins vient enrichir la scène critique littéraire. Le devenir littéraire maghrébin, tel est l'intitulé du nouvel ouvrage de l'auteure algérienne vivant au Canada, Lamia Bereksi-Meddahi, qui vient enrichir la scène critique littéraire maghrébine, un essai enrichissant qui regroupe l'étude critique de 10 titres d'auteurs maghrébins. Un choix fort difficile au regard du foisonnement culturel ambiant. Car, faut-il le rappeler, la production livresque maghrébine est dense, multiple, mais c'est l'importance qu'on doit lui accorder qui manque le plus. Ainsi, après sa thèse de doctorat intitulée "Abdelkader Alloula : culture populaire et jeux d'écriture dans l'œuvre théâtrale", un roman La famille disséminée, une pièce théâtrale Dialogues de sourds, voilà que l'auteure s'attaque à la littérature maghrébine en essayant de décortiquer quelques titres de cette riche littérature. Ce n'est pas une mince affaire que de vouloir donner à lire "cette lecture critique harmonieuse et harmonisée qui se veut comme une invitation personnelle lancée au lectorat, à revisiter la littérature maghrébine d'expression française", comme le souligne Amin Zaoui dans sa préface. Et d'ajouter : "Sélectionner dix auteurs maghrébins parmi une dizaine de centaines est en lui-même un engagement littéraire. Une responsabilité littéraire." Cette responsabilité née d'un intérêt toujours croissant chez l'auteure qui souligne que "par sa richesse culturelle, le Maghreb m'a toujours fascinée (...). En sélectionnant ces écrivains, j'ai voulu démontrer comment se construisent les pensées lorsque la langue que nous utilisons est considérée comme étrangère." D'Assia Djebar à Chedly El-Okby, en passant par Rachid Boudjedra, Y. B. (Yassir Benmiloud), Kamel Daoud, Kateb Yacine, Rénia Aouadène, Karim Nasseri, Youcef M. D. et Fouad Laroui, l'auteure a, semble-t-il, voulu questionner ces contenus littéraires qui en disent long sur "l'environnement culturel, politique, linguistique et littéraire sur lequel repose, ‘se joue' l'avenir de cette littérature de graphie française, une littérature vieille de plus d'un siècle", lit-on en préface. Et il est vrai que la (re)lecture de ces corpus que Mme Bereksi a voulu revisiter renvoie à des thématiques bien déterminées telles que l'écriture postcoloniale et la recherche de l'identité dans les œuvres d'Assia Djebar, le refus de la politisation de l'islam dans Fis de la haine de Rachid Boudjedra, à la rencontre de l'autre dans Nedjma et Guillaume de Rénia Aouadène, ou encore l'historicité dans Les tribulations du dernier Sijilmassi de Fouad Laroui et autres thèmes sous-jacents décelés par notre auteure qui ne s'est pas contentée de faire une simple étude de corpus conventionnelle habituelle, mais a voulu la dépasser en y mêlant, comme le fait remarquer Mme Aouicha Oudjedi-Damerdji dans sa postface, "la rigueur argumentative", "une certaine singularité" et "des positions en cohérence avec le parcours personnel de l'auteure et sa connaissance du terrain". Ce tout va donner une autre dimension à ces textes qui n'ont pas encore tout dit car, il faut le dire, au-delà de la simple lecture d'un texte, c'est toute une analyse pluridimensionnelle qui est à décortiquer et toute une société à analyser à un temps (t), dans un lieu donné. Mais... quel devenir (v) peut-on donner à notre littérature aujourd'hui ? Samira Bendris-Oulebsir Le devenir littéraire maghrébin, Lamia Bereksi-Meddahi, éditions Liberté numérique, Montréal, 2017.