Assia Djebar est d'abord et avant tout une écrivaine algérienne Assia Djebar ne se verra pas attribuer le prix Nobel de littérature et ne sera pas l'invité d'honneur du Salon international du livre d'Alger. La plus grande romancière algérienne et maghrébine n'est plus. Elle emporte avec elle tant de secrets et de mystères, notamment concernant sa discrétion qu'on ne retrouve chez aucun autre écrivain de sa trempe. Assia Djebar est restée effacée de la scène médiatique en dépit du fait qu'elle n'ait cessé de collectionner les succès littéraires jusqu'à atteindre l'une des consécrations les plus importantes dont puisse rêver un écrivain francophone: siéger à l'Académie française en 2005. Un événement qui aurait pu et dû être accueilli avec faste en Algérie puisqu'Assia Djebar est d'abord et avant tout une écrivaine algérienne. Mais rien n'en fut, l'événement de l'élection d'une auteure algérienne pour la première fois à l'Académie française est passé inaperçu chez-nous. Est-ce parce que nul n'est prophète en son pays? Rien n'est moins sûr. Car d'autres écrivains algériens, beaucoup moins talentueux, ne doivent leur survie d'auteurs qu'à leur omniprésence dans les médias et dans les activités culturelles officielles. Assia Djebbar n'est pas de ce genre. Même après avoir atterri à l'Académie française avec toute l'aura que cela entraîne, Assia Djebar n'a pas changé. C'est à peine si un jour, nous sommes tombés accidentellement sur une interview d'une page qu'elle a accordée à notre confrère El Khabar. La seule d'ailleurs à notre connaissance. En revanche, dans les librairies algériennes, entrez dans n'importe laquelle, ses livres, par dizaines, ornent les étals. Sur ce plan, on ne peut pas dire qu'Assia Djebat ait été lésée. Son oeuvre est disponible chez nous grâce notamment aux importateurs mais aussi aux initiatives que prennent certains éditeurs audacieux comme Dahlab qui a acheté les droits des livres d'Assia Djebar chez son éditeur français Albin-Michel. Chaque année ou presque, le nom d'Assia Djebar a circulé à la veille des nominations au Prix Nobel de littérature. Mais également, à chaque fois, l'auteur de «Loin de Médine», n'obtient pas cette distinction majeure. Au moment donc où son nom revenait pour le prix Nobel, c'est à l'Académie française qu'Assia Djebbar allait atterrir. Et c'est également une grande consécration pour elle mais pas seulement pour elle. C'est une reconnaissance pour toute la littérature algérienne francophone qui compte beaucoup aujourd'hui et qui a donné naissance à des plumes de grande valeur comme Mohamed Dib, Assia Djebar, Rachid Boudjedra, Boualem Sansal, Mouloud Feraoun, Rachid Mimouni, Rabah Belamri, Salim Bachi, etc... Ceux qui rêvaient également de voir le Salon international du livre honoré par la présence d'Assia Djebar, comme invité d'honneur, déchanteront définitivement car ce beau rêve ne se réalisera pas. Assia Djebar n'illuminera pas cet événement culturel de grande facture. Assia Djebar restera toutefois l'écrivaine algérien qui a le plus porté haut la littérature algérienne. Avec des dizaines de romans, elle a réussi à produire une oeuvre dont la littérature francophone ne peut s'en passer. On ne se lassera jamais de lire et de relire des romans, comme «l'Amour», «la fantasia», «Ombre Sultane», «Femme sans sépulture», «le Blanc de l'Algérie», «Ces voix qui m'assiègent», etc. Même si elle n'a pas obtenu le prix Nobel, même dans l'au-delà, Assia Djebar restera l'une des écrivaines préférées de dizaines de milliers d'Algériens et de lecteurs à travers le monde.