Dans les couloirs de l'hémicycle Zighout-Youcef, les députés commentaient, hier, avant l'entame de la cérémonie de clôture de la session parlementaire 2017-2018, abondamment le discours du président du Conseil de la nation. Une demi-heure plus tôt, Abdelkader Bensalah avait déclaré, clairement, le soutien de la Chambre haute au 5e mandat. La démarche, qui engage le Sénat dans une voie politique, n'a pas été appréciée par les parlementaires. "Ce n'est pas normal d'apporter le soutien au 5e mandat au nom de l'institution", a relevé Lakhdar Benkhalef, chef du groupe parlementaire de l'alliance El-Adala/Ennahda/El-Bina. Le président de l'APN lui emboîterait-il le pas ? "Nous n'avons pas abordé la question à la réunion qu'il a tenue hier avec les groupes parlementaires", a assuré notre interlocuteur. Un député du RND a aussi affirmé qu'aucune action n'a été entreprise, à propos, en direction des élus. Finalement, Saïd Bouhadja n'utilisera pas son perchoir pour appeler le président Bouteflika à briguer un nouveau mandat. "Il n'a pas osé, car l'opposition l'aurait désavoué en plénière", nous-dit-on. Il aurait surtout pris le risque d'un clash, dans l'enceinte de l'hémicycle, entre les partisans et les opposants à une telle initiative. Finalement, Saïd Bouhadja restera sur une allocution mesurée. C'est à peine s'il a suggéré l'idée de "poursuivre le processus d'édification et d'urbanisation sous la conduite du président Bouteflika". Il a soutenu que le chef de l'Etat "suit avec grand intérêt ce qui se passe dans le pays. Les institutions constitutionnelles assument leurs missions, sous ses instructions et sous son autorité". Il a ainsi démenti ce qui est considéré, dans les hautes sphères de l'Etat, comme des allégations sur la vacance du pourvoir. Poursuivant, le président de l'Assemblée nationale a estimé que le premier magistrat du pays exprime une volonté "incontestable" de combattre la corruption, les détournements, le blanchiment d'argent et le trafic de stupéfiants. Il a pris, a-t-il ajouté, "la décision éclairée" de préserver les biens publics, en référence au décret présidentiel portant incessibilité du patrimoine immobilier de Club-des-Pins. De son point de vue, les réalisations du président Bouteflika sont évidentes et n'ont pas besoin de preuves. "Ceux qui contestent cette vérité doivent respecter les principes de la morale politique, les lois, les institutions et les symboles de l'Etat. Ils doivent s'en remettre à la volonté du peuple, souverain et source du pouvoir". S'opposer à des dispositions capitales contenues dans des projets de loi, adoptés en Conseil des ministres, n'est pas une tradition au Parlement. Le président de l'APN l'a rappelé, maladroitement, hier. Il a souligné que la suppression de l'article 6 du projet de loi de finances complémentaire pour 2018 (taxe sur les véhicules fabriqués en Algérie) "traduit la souveraineté de notre Assemblée dans la jouissance de ses prérogatives". Il a confirmé, de cette manière, que cet épisode constitue une singularité dans le fonctionnement usuel du Parlement. Bouhadja a indiqué que les députés ont déposé, durant cette session de 10 mois, 454 questions orales et 424 questions écrites. Les membres du gouvernement ont apporté des réponses à 129 interprétations orales et 276 écrites. Les députés estiment que les ministres ne respectent pas le délai de 30 jours qui leur est fixé pour répondre aux questions des parlementaires. Souhila Hammadi