Il n'y aura pas de suppression des subventions en 2019. La question avait été pourtant tranchée par le ministre des Finances. Quelques jours après avoir annoncé que le gouvernement allait revoir la politique des subventions dès l'année prochaine, le ministre des Finances a dû corriger sa copie. Quelques heures avant la publication d'un communiqué sur le site du ministère des Finances, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, est intervenu dans le débat pour nier toute volonté des autorités de toucher à la politique sociale avant l'élection présidentielle de 2019. Intervenant devant les membres du bureau national de son parti, Ahmed Ouyahia a exclu toute "révision des subventions" en 2019. Evitant de croiser le fer publiquement avec son ministre des Finances, le Premier ministre a préféré laisser ses "collègues" du bureau du RND communiquer. Ainsi, le porte-parole du RND, Chihab Seddik, a indiqué, dans des déclarations médiatiques, que les "conditions" d'une "révision" de la politique des subventions n'étaient pas réunies. Il est donc impossible d'adopter une politique de ciblage des subventions dès l'année prochaine, indique ainsi Chihab Seddik. Selon des indiscrétions émanant de la réunion du bureau du RND, Ahmed Ouyahia a insisté pour que ses collègues expliquent aux Algériens qu'il n'était pas dans son intention de toucher à un sujet aussi sensible à quelques mois de l'élection présidentielle. Quelques heures après ce qui semble être un rappel à l'ordre, le ministre des Finances a tenu, lui aussi, à édulcorer ses propos. "(...) aucune mesure ne sera mise en œuvre sans étude préalable et une large concertation. L'objectif demeure la protection des catégories sociales les plus nécessiteuses en explorant toutes les options qui permettent d'opérer des transferts ciblés au profit des ménages les plus vulnérables", a indiqué Abderrahmane Raouya. Mais dans le fond, le ministre des Finances ne nie pas les propos qu'il a tenus le 2 juillet sur les ondes de la Radio nationale. "L'analyse de la structure des subventions, à partir des résultats de "l'enquête consommation" effectuée, a montré que les subventions profitent plus aux catégories les plus nanties qu'aux catégories aux faibles revenus. Dès lors, ce mécanisme généralisé de subventions, outre son coût excessif pour la collectivité ne répond plus aux objectifs de réduction des inégalités et de protection des populations les plus vulnérables", a-t-il noté avant d'ajouter : "Compte tenu de ce constat, le besoin de réformer le système de soutien des prix, s'impose comme un impératif économique." Dans une déclaration à la Chaîne 3 de la Radio nationale, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, avait, pourtant, affirmé que le gouvernement pourrait supprimer certaines subventions dès 2019. "L'actuelle politique de subventions ne peut pas continuer comme ça pour l'équité sociale. Dans sa forme actuelle, le simple citoyen ne peut pas profiter de cette politique mieux que quelqu'un qui dispose d'un revenu plus important, ce n'est pas normal", avait-il soutenu. Il avait indiqué que les premiers produits concernés sont les carburants et l'électricité. Auparavant, le Premier ministre avait, lui aussi, abordé ce sujet. Mais il avait affirmé, au printemps, que la révision de la politique des subventions ne pourra pas avoir lieu en 2019. Une indication qui confirme que les autorités ne veulent prendre aucun risque avant l'élection présidentielle. Surtout que les subventions représentent, selon les données du ministère des Finances, 27% du PIB. Ali Boukhlef