Cette situation perdure depuis de nombreuses années et elle ne semble pas connaître une amélioration en cette saison estivale. Comme chaque été, le manque d'eau se fait sentir dans de nombreux villages de la commune d'Aït Yahia Moussa (daïra de Draâ El-Mizan, à une quarantaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou). Les habitants de cette région ont, à l'instar de ceux des autres localités, cru aux promesses des autorités jusqu'à ce que soif s'ensuive. Aujourd'hui, dans cette région natale de Krim Belkacem, l'heure est plutôt à la colère. Le bal de ces expressions de colère a été ouvert tout récemment par des habitants de deux villages, Tifaou et Hellil, qui ont procédé à la fermeture des bureaux des élus, tout en laissant, toutefois, le service d'état civil fonctionner normalement afin de ne pas pénaliser davantage leurs concitoyens demandeurs de pièces administratives. À Aït Yahia Moussa, cette situation perdure depuis de nombreuses années et elle ne semble pas connaître une amélioration en cette saison estivale, malgré l'appréciable pluviosité de cette année et les promesses maintes fois réaffirmées par les autorités de passer un été loin du stress hydrique. Selon des sources locales, tout ce versant alimenté à partir des forages d'Oued Bougdoura, dans la localité de Draâ Ben Khedda, est touché par cette pénurie parce que la conduite principale qui dessert le réservoir principal d'Ighil Mouhou, à Tachtiouine, est vétuste d'une part, et d'autre part, d'importantes quantités d'eau se déversent dans la nature sans arriver dans les robinets. Après des actions de protestation menées par les comités de village, des travaux de rénovation de cette conduite ont été lancés il y a quelques semaines, mais avec une lente cadence. Il faut également souligner qu'à cause de la baisse de tension électrique au niveau des forages, le programme de distribution est souvent perturbé. "Lorsque les motopompes tombent en panne, l'eau pompée par la suite ne répond plus aux besoins de plus de quinze mille habitants, si bien que certains villages n'ont leur tour qu'un mois après. Afin de résoudre ce problème, il faudrait non seulement rénover la conduite principale mais aussi les réseaux de distribution dans les villages. Quand le débit n'est pas assez fort, l'eau n'arrive pas dans de nombreux hameaux de notre grappe de villages", nous explique un membre du comité de village Tachtiouine. Par ailleurs, un élu à l'APC nous apprend que tout le versant allant d'Ath Attella, en passant par Chérifi, Ath Amar Moussa, Tifaou, Hellil est souvent pénalisé par une kyrielle de perturbations. "Notre APC n'a pas les moyens d'alimenter tous les villages à l'aide de camions-citernes. D'ailleurs, nombreux sont ceux qui recourent aux citernes tractées par des tracteurs en déboursant jusqu'à 1600 DA pour mille litres", signale un membre du comité de village d'Ath Amar Moussa. Souvent, suite aux actions de rue, comme la fermeture des routes, notamment la RN25, ou encore le siège APC, des solutions d'urgence sont trouvées et quelques jours après, c'est le retour à la case départ. Dans cette municipalité de plus de 25 000 habitants, le problème de l'eau potable est loin d'être réglé, à l'exception de quelques villages alimentés à partir de Draâ El-Mizan avec le transfert de l'eau du barrage Koudiet Acerdoune (wilaya de Bouira). Ce n'est que le début de l'été, les autorités locales devront faire face à d'autres contestations villageoises. O. Ghilès