Si tous les discours officiels tenus ces dernières années présentant la wilaya de Tizi Ouzou comme une région où le problème d'eau potable est définitivement réglé, à Aït Yahia Moussa, une commune de plus de vingt-deux mille habitants, située à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Tizi Ouzou, la population continue de crier sa soif. Dans cette localité, il ne se passe plus un jour sans que les villageois manifestent pour réclamer un peu d'eau potable dans leurs robinets. Depuis le début de la saison estivale, la mairie a été fermée au moins trois fois. Son portail a été même cadenassé par les contestataires. Le problème d'alimentation en eau potable ressurgit dès qu'il commence à faire chaud. Sur les quarante-huit villages que compte cette municipalité, aucun n'est alimenté de manière régulière. Et pourtant, beaucoup d'argent a été dépensé par le secteur de l'hydraulique. Une virée dans de nombreux villages montre toute l'ampleur du stress hydrique qui frappe la région. à Aït Yahia Moussa, tout le monde aujourd'hui s'interroge à quoi ont servi les 26 milliards annoncés pour mettre fin à leur calvaire. "En 2005, un projet d'alimentation en eau potable a été réalisé du côté de Draâ Ben Khedda pour alimenter au moins dix mille personnes. De Tachtiouine, jusqu'à Tafoughalt en passant par Afir, Ath Rahmoune, Ath Attella et d'autres hameaux. C'est un projet qui a coûté plus de vingt-six milliards. Quelque temps après sa mise en service, nous avons constaté que le problème n'était pas du tout réglé", nous dit un habitant d'Ath Attella. Arrivés à Tafoughalt, un village de plus de cinq mille habitants, les habitants nous apprennent que pour eux c'est un projet qui n'a rien changé à leur situation. "L'eau n'arrive dans les robinets que rarement. Pour cet été, nous sommes restés sans aucune goutte durant des mois. Le programme de distribution devient à chaque fois caduc. Même si les autorités nous rassurent qu'une conduite autonome est en train d'être réalisée à partir de Draâ El-Mizan afin de venir à bout de ce problème, nous n'y croyons plus. Déjà l'entreprise réalisatrice n'avance pas vite. Et puis même si la conduite est mise en service, nous n'aurons de l'eau qu'une fois peut-être par semaine, voire moins. D'autres villages seront annexés à cette conduite", nous répond un habitant du quartier d'Ath Abdellah. Même situation dans les villages Hellil et Tifaou, qui ont fermé la mairie dimanche dernier. Les sources du village ne répondent plus à leur consommation quotidienne. La situation n'est guère mieux au chef-lieu communal qui est alimenté à partir d'un puits réalisé au début des années 1970. Il faut tout une gymnastique pour partager cette petite quantité d'eau entre les habitants du chef-lieu. "La matinée, c'est pour les institutions publiques et l'après-midi, pour la population", explique un administrateur communal. Les habitants réservent alors de l'eau dans des citernes et achètent de l'eau minérale, nous expliquent des habitants de la cité. "Depuis le début de l'été, j'ai dépensé plus de dix mille dinars pour l'achat de citernes auprès des revendeurs d'eau. La citerne est à mille cinq cents dinars", nous confirme un habitant de Tafoughalt. Si les communes du versant sud de la wilaya sont quelque peu soulagées depuis la mise en service du barrage de Koudiat Acerdoune, Aït Yahia Moussa n'en a pas bénéficié. Même l'espoir de s'alimenter bientôt du futur barrage d'Assif n' Tletta s'amenuise. Le projet est hypothéqué par le problème des indemnisations des expropriés. Dans la région de Krim Belkacem, la soif a encore la peau dure, et surtout de beaux jours devant elle. O. G Nom Adresse email