Israël a violé la souveraineté de la Syrie, à maintes reprises, prétextant des frappes préventives contre son ennemi iranien, un des soutiens de Damas contre une opposition politico-armée, aujourd'hui, presque totalement vaincue. Le départ de Bachar al-Assad du pouvoir en Syrie ne serait plus une priorité par Israël, à en croire la presse locale qui évoque des discussions autour d'un accord entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président russe, Vladimir Poutine, acteur incontournable dans la crise syrienne. D'après le quotidien israélien Harratz, Tel-Aviv travaillerait sur une proposition d'accord avec Moscou pour distancer l'Iran de la frontière syrienne avec Israël, en contrepartie d'un arrêt du soutien israélien aux groupes armés dits de l'opposition en Syrie. Les contours de l'accord se précisent : Poutine ne gênera pas l'action d'Israël en Syrie et va aussi aider à éloigner l'Iran de la région frontalière syrienne. En contrepartie, Israël ne s'opposera pas au retour d'Al-Assad au pouvoir, bien que le président syrien le soit toujours. Mais en d'autres termes, Tel-Aviv ne va plus joindre sa voix à celles de ses alliés du Golfe et occidentaux qui réclament le départ de Bachar al-Assad avant l'entame de tout processus de transition dans une Syrie ravagée par la guerre depuis mars 2011. Depuis quelques mois, les autorités israéliennes ont multiplié leurs raids aériens contre des cibles de présumées positions iraniennes en Syrie et mènent, avec les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite, une véritable guerre médiatique contre Téhéran, dont l'influence ne cesse de grandir dans la région, malgré les campagnes de dénigrement à laquelle est soumis continuellement l'Iran. La mise sur la table de ce projet d'accord avec Moscou n'est pas innocente, car elle intervient au moment où l'armée syrienne annonce victoire sur victoire dans le Sud syrien d'où est partie officiellement ce qui est qualifié de révolte populaire contre Damas. Le retour dans le giron des autorités de la ville de Deraa, fief d'une opposition politico-militaire dite modérée et aujourd'hui laminée, a brouillé toutes les cartes des soutiens occidentaux aux rebelles et aux groupes terroristes liés à Al-Qaïda et à l'autoproclamé Etat islamique (Daech). Les groupes armés opérant dans la région de Deraa ont négocié eux aussi avec Moscou pour sortir de l'impasse. La médiation russe a abouti à la conclusion d'un accord de réconciliation qui leur permet de sortir de la région, eux et leurs familles, pour échapper à la puissance du feu de l'armée syrienne qui mène une vaste offensive depuis le 19 juin dernier. "Les groupes armés (...) ont commencé à remettre les armes lourdes et de moyen calibre à l'armée syrienne dans le cadre de l'accord conclu le 6 juillet", a indiqué Sana. "Des munitions lourdes et du matériel (militaire) ont été reçus hier, tandis que l'opération se poursuivra jusqu'à la livraison intégrale des armes (...)", a ajouté l'agence. Cet épisode de la guerre en Syrie ne laisse donc aucune chance aux puissances étrangères anti-Assad de mettre en place leur plan de reconfiguration politique en Syrie et dans une région minée par d'autres conflits. Lyès Menacer