Le prénom Nazîh est d'origine arabe. Il provient de nazîh "sans défaut, pur'', du verbe nazaha "s'abstenir de ce qui est impur, être sans faiblesse, se préserver du mal, être très agréable et sain (en parlant d'un pays, d'une région)''. Ce prénom a plusieurs féminins : Naziha, "celle qui est sans défaut'', Nazha "pureté, vertu, et, en dialectal bonheur, joie", et son pluriel, Nuzhât. Nazhoun est d'un emploie plus récent que Naziha. En réalité, la forme de ce prénom est d'origine andalouse où ce schème est courant, avec des noms comme Zeydoun, Abdoun, Wahboun... Nazhoun est une poétesse andalouse qui vécut au XIIe siècle. Elle naquit à Grenade où son père était cadi. Ce dernier, qui s'appelait Abou Bakr ben Ahmed ben Khalaf al Ghassini était également appelé al-Qulay'i, du nom de Qulay'a, un village près de Grenade, et c'est donc sous ce nom ethnique qu'était désigné notre poétesse : Nazhun al-Qulay'iya. Le chroniqueur algérien, originaire de Constantine, Al-Maqqari, la décrit ainsi dans Nafh al-Tibb : "Elle était vive d'esprit, douce, elle connaissait des poèmes par cœur, des proverbes qu'elle récitait. Elle était admirablement belle et très spirituelle...''. Nazhoun avait un cercle où se réunissaient les intellectuels de la ville et on récitait des poèmes. Elle reçut aussi des mécènes, tel le ministre Abu Bakr Saïd, qui pilota les travaux de réfection de Grenade sous les Almoravides. Il y avait aussi, parmi le poètes connus, Abi Bakr Mohammed al-A' ma (l'Aveugle) al-Makhzun, auteur d'œuvres satiriques, et qui fut son maître en poésie, ainsi qu'Ibn Qazman, poète des zadjls. Esprit libre, émancipé, elle n'hésitait à se mesurer aux hommes et à les défier. Beaucoup de ses invités étaient amoureux d'elle, ce qui poussa le ministre Abu Bakr à lui faire des reproches, en lui envoyant une pièce de vers où il dit : "Ô toi dont se sont épris tant d'amants, tu as dressé aux gens un barrage qui arrête les sentiments sincères (pour toi)'' ( ). Elle lui répondit aussi par des vers pour l'encourager à se déclarer. On conserve de nombreux poèmes de Nazhoun, cités par divers auteurs. Tous les auteurs avec lesquels elle a eu des contacts indique qu'elle a dû vivre jusqu'au début du XIIIe siècle. M. A. Haddadou [email protected]