Après des mois d'une relative cohésion, la coalition qui soutient Abdelaziz Bouteflika vole en éclats. Chacun des partis qui la composent, tente de faire son chemin tout seul. Mais la trajectoire que prend le Mouvement populaire algérien, (MPA), est singulière. Elle est l'illustration du brouillard qui entoure l'horizon de l'élection présidentielle de l'an prochain. Pendant que tous les partis politiques qui gravitent autour du pouvoir et organisations de masse déclarent leur soutien express à un cinquième mandat pour le chef de l'Etat, le MPA préfère temporiser. Son président, Amara Benyounès, s'est muré dans un silence qui a duré plusieurs semaines. Et lorsqu'il décide enfin de s'exprimer, c'est pour prendre tout le monde à contre-pied. Sans se départir de son légendaire soutien au chef de l'Etat, l'ancien ministre du Commerce préfère attendre. Tant que le chef de l'Etat ne se prononce pas, il n'est pas question pour lui d'anticiper les choses. Mais tel que le dit l'adage : "Dans le doute, abstiens-toi." Et Benyounès semble en faire une démarche. Même le conseil national de son parti, qui se réunira en septembre prochain, ne prendra de position qu'une fois en "possession de toutes les informations" liées à l'élection présidentielle, a-t-il affirmé dans un entretien au Soir d'Algérie. Hormis cela, Benyounès rappelle que cela n'a rien de particulier. "Nous n'avions pas appelé, (...) ni au deuxième mandat, ni au troisième mandat, ni au quatrième mandat", a-t-il confié au même journal. Malgré une présence constante dans le sillage des partis proches de la majorité présidentielle, Amara Benyounès a toujours fait en sorte de se démarquer de l'action du gouvernement à chaque fois que l'occasion se présente. C'est le cas notamment sur les questions économiques où le président du MPA a toujours fait entendre un autre son de cloche. Récemment encore, il s'interrogeait sur le comportement des "constructeurs" automobiles. Il avait également brocardé certains importateurs. Une liberté de ton qui ne plaît pas aux autres partis de "la majorité". À commencer par le FLN qui a évoqué, récemment, une "alliance contre nature", pour commenter la rencontre entre Amara Benyounès et le président du MSP. Mais cela ne l'a jamais poussé à se désolidariser d'Abdelaziz Bouteflika. Nos tentatives de joindre Amara Benyounès au téléphone n'ont pas abouti. Cette voix dissonante est le signe d'un malaise au sein des composantes du pouvoir. Car, au-delà d'Amara Benyounès, il semble que la plupart des partis politiques et des organisations qui soutiennent Abdelaziz Bouteflika ne savent rien des intentions de ce dernier. Même les deux grands partis que sont le FLN et le RND semblent naviguer à vue. Interrogés séparément sur le fait de savoir si le chef de l'Etat a déjà annoncé sa décision d'aller ou non à un nouveau mandat présidentiel, Ahmed Ouyahia, puis plus récemment Djamel Ould Abbes, ont affirmé n'être au courant de rien du tout. "Nous avons lancé un appel, nous espérons qu'il répondra favorablement", a indiqué Ould Abbes. D'autres responsables de partis politiques nous ont aussi affirmé qu'ils ne sont pas mieux informés que le simple citoyen. C'est donc le flou total qui prévaut à propos de l'élection présidentielle de 2019. Ce qui n'empêche pas les partis de l'opposition et des analystes de se montrer pessimistes. Beaucoup estiment en effet que l'envie du chef de l'Etat de finir sa vie à la tête du pouvoir est plus forte que tout. Ali Boukhlef