La conjoncture politique, marquée par cette volonté d'imposer le statu quo, est moins propice à une action budgétaire qui remettrait en cause l'actuel contrat social. Les arbitrages budgétaires au titre du prochain exercice ont commencé. Ils s'annoncent complexes et les choix auxquels est confronté l'Exécutif sont tout aussi cornéliens. Le prochain exercice, qui fait l'objet actuellement d'une codification budgétaire dans le cadre de la préparation de la loi de finances 2019, pourrait être marqué par le rebond du déficit sur fond de ralentissement de la croissance. La croissance réelle du PIB n'a été que de 1,3% au premier trimestre de l'actuel exercice, contre des prévisions d'une croissance robuste (3%). Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit un net ralentissement de la croissance en 2019 (2,7%), alors que le déficit pourrait rebondir faute d'un modèle de croissance efficient et qui rompt avec le principe de redistribution des recettes pétrolières et gazières. Les précédents arbitrages au titre de l'actuel exercice budgétaire ont plaidé en faveur d'une hausse nette des dépenses ; une tentative de faire repartir la croissance et de freiner un chômage menaçant. En théorie, 2019 devrait être l'année du retour à l'assainissement des finances publiques, bien que l'équation ne s'annonce nullement aisée. Contre une politique axée jusqu'ici sur la hausse des dépenses par le moyen du financement monétaire, le gouvernement pourrait changer de fusil d'épaule dès 2019 sous l'effet pervers d'une stratégie porteuse de risques. L'usage excessif de la planche à billets pourrait exacerber les déséquilibres macroéconomiques, entraîner des poussées inflationnistes et, par ricochet, provoquer des tensions sociales. Jusqu'ici, le gouvernement a tiré un trait sur l'idée d'une discipline budgétaire, réduit les objectifs en matière d'assainissement des finances publiques et remis au frigo l'essentiel des réformes qui devaient accompagner le financement par la planche à billets. Pour ainsi dire, un des arbitrages auxquels est confronté le gouvernement est celui de choisir entre la poursuite de la politique de financement monétaire et le retour à la discipline budgétaire. Le dilemme est cornélien. Le premier choix est porteur de risques majeurs, tandis que le second suppose qu'on fasse table rase des politiques actuelles et qu'on reprenne de plus belle les mesures d'un assainissement plus rigoureux des finances publiques ainsi que les réformes économiques structurelles abandonnées à mi-chemin au profit de la planche à billets. Mais pour limiter le dérapage des finances publiques, le gouvernement doit faire preuve de courage politique, étant donné que certaines mesures risquent d'être difficiles à avaler. Le contexte politique ne s'y prête pas non plus, réduisant la marge de manœuvre d'un Exécutif enclin plutôt à surveiller les départs de feu qu'à freiner le dérapage des finances publiques. La conjoncture politique, marquée par cette volonté d'imposer le statu quo, est moins propice à une action budgétaire qui remettrait en cause l'actuel contrat social. D'autant plus que l'assainissement des finances publiques implique un effort supplémentaire dans la mobilisation des recettes hors hydrocarbures en élargissant l'assiette fiscale. Cette mesure suppose, à son tour, qu'on limite les exonérations, qu'on renforce le recouvrement de l'impôt et qu'on lutte contre l'informel. L'assainissement auquel le FMI n'a cessé d'appeler suggère également une baisse progressive des dépenses courantes en pourcentage du PIB, une réduction des coûts de l'investissement tout en en améliorant l'efficience. Handicapé par les échéances politiques de 2019, le gouvernement pourrait remettre à plus tard l'hypothèse de mesures budgétaires brutales, mais pourrait assaisonner la loi de finances 2019 par de nouvelles taxes susceptibles d'améliorer les scores en matière de fiscalité ordinaire. Ali Titouche