Tout en défendant les options du pouvoir en place, le président de l'APN a récusé les différentes initiatives politiques des partis de l'opposition et vilipendé ceux qui dénoncent la situation des droits de l'Homme dans notre pays. S'il a évité d'être explicite dans son adresse au chef de l'Etat lors de la clôture de la précédente session, le président de l'APN, Saïd Bouhadja, ne s'est pas empêché, lors de la cérémonie d'ouverture hier de la nouvelle session du Parlement, de se transformer en laudateur du chef de l'Etat à qui il souhaite "plein de courage" dans la "conduite de la nouvelle étape" dans l'histoire de notre pays. Il a consacré une bonne partie de son intervention à rappeler les "réalisations" du chef de l'Etat depuis son élection en 1999. "Notre pays a réalisé, grâce au programme de renaissance du président de la République, les objectifs du millénaire pour le développement. Les multiples réformes ont permis à notre pays de réunir les conditions d'une réelle démocratie plurielle et une justice sociale concrète grâce à une distribution équitable des richesses (…)", a notamment indiqué le président de la Chambre basse du Parlement. Saïd Bouhadja a également défendu les options de l'Etat. Il a, entre autres, récusé les "demandes" de certains partis de l'opposition. "Notre pays a instauré un système institutionnel basé sur la volonté populaire conformément à la Constitution. Dès lors, parler de l'Assemblée constituante est obsolète", a indiqué le président de l'APN, en réponse directe à l'appel lancé par le Parti des travailleurs pour constituer une Assemblée constituante. Bouhadja a également fustigé ceux qui demandent à l'Algérie de respecter les droits de l'Homme. "Nous condamnons fermement ces campagnes malveillantes menées contre les positions de notre pays et affirmons haut et fort que nous n'avons de leçons à recevoir de personne, surtout pas de ceux qui s'ingèrent dans nos affaires internes et veulent nuire à l'image de l'Algérie", a fulminé le troisième personnage de l'Etat. Pour expliquer l'utilité de son institution, Saïd Bouhadja a énuméré les rares projets de loi qui seront discutés au cours de la session qui s'ouvre. Il s'agit notamment de la loi de finances 2019, de la loi sur la commune et la wilaya, d'une révision du code pénal. Certaines de ces futures lois sont même déterminantes. C'est notamment le cas de la loi sur "les manifestations pacifiques" et la révision de la loi sur l'obtention des informations documentées et leur transmission. C'est également le cas de la loi sur "la participation" des associations dans la gestion des assemblées locales. Dans les rangs de l'opposition, le discours de Saïd Bouhadja est mal passé. C'est le cas de Ramdane Taâzibt, chef du groupe parlementaire du PT, qui n'a pas apprécié la réponse du président de l'APN concernant la proposition d'aller vers une Assemblée constituante. Il a estimé qu'il ne relève pas des prérogatives du président de l'Assemblée populaire de répondre à une "campagne politique" et de se substituer ainsi aux pouvoirs publics. Bouhadja "confond entre son mandat de député FLN et son statut de président de l'institution. Il se croit encore à l'époque du parti unique", a indiqué Taâzibt. De son côté, le chef du groupe de l'Alliance Adala-Bina-Nahda a souligné que l'APN doit rester neutre en perspective de l'élection présidentielle. "Il est malvenu d'appeler le président Bouteflika à poursuivre sa mission à la tête de l'Etat au nom de l'Assemblée alors qu'il n'a même pas exprimé son intention de briguer un nouveau mandat." Ali Boukhlef/S. H.