Sonatrach est actuellement en négociation avec des poids lourds mondiaux en vue de créer une joint-venture spécialisée dans le raffinage et le négoce international. La charge du pétrole brut et du condensat traitée au niveau des raffineries a augmenté de +4,4% au premier trimestre de l'année. Un bond à mettre sur le compte du processing, c'est-à-dire le traitement du pétrole algérien à l'étranger ; une option figurant dans la loi de finances 2016 (article 54) et dont l'objectif serait de réduire la facture d'importation de carburants qui culmine à près de 2 milliards de dollars annuellement. Le volume du pétrole brut raffiné par Sonatrach au premier trimestre de l'année était de 8,2 millions de tonnes. Le processing a permis d'accroître (+4%) la production des produits pétroliers à 7,8 millions de tonnes à fin mars 2018, comparativement à la même période de l'année précédente, lit-on dans un bilan établi par le ministère de l'Energie. La même source a fait savoir que le traitement du brut algérien à l'étranger a permis également de réduire les volumes importés d'essences et de gasoil. Les résultats du secteur de l'énergie au titre du premier trimestre de l'année lèvent le voile, justement, sur une forte baisse des volumes de produits pétroliers importés. À fin mars 2018, le secteur a importé un volume de 559 milliers de tonnes, reflétant une forte baisse de -30% par rapport à la même période de 2017. "Cette baisse est due à la suspension des importations d'essences et de gasoil suite au processing du pétrole brut à l'étranger", explique le ministère de l'Energie. En valeur, la baisse a été de moindre ampleur, soit de -22%, la facture se chiffrant à 298 millions de dollars, "tirée par l'effet volume, et ce, malgré la hausse des prix sur les marchés internationaux". L'option du processing, envisagée depuis peu, mais dont les textes réglementaires remontent déjà à plusieurs années, était justifiée, officiellement, par l'envie de réduire, en valeur comme en volume, les importations des produits pétroliers. Dans son article 54, la loi budgétaire de 2016 était venue exonérer des droits de douane l'essence et le gasoil réimportés dans le cadre des opérations de traitement du pétrole brut algérien à l'étranger. Au mois de janvier dernier, le groupe Sonatrach a conclu un accord de processing avec une raffinerie pétrolière italienne lui permettant de transformer par lui-même en Italie une partie du pétrole brut algérien en carburants. La phase ultime de ce processus s'est soldée par l'acquisition récente, par Sonatrach, de la raffinerie d'Augusta (Italie), d'une capacité de traitement de 10 millions de tonnes/an. Cette acquisition, une première à l'étranger dans le domaine de la pétrochimie, est jugée "idéale" pour faire du processing physique de pétrole brut algérien. Ses terminaux de stockage apportent trois jours de sécurité d'approvisionnement supplémentaires de gasoil et d'essence, à en croire les responsables de Sonatrach. Le groupe public des hydrocarbures lorgne désormais une place sur les marchés internationaux de produits pétroliers. Sonatrach est actuellement en négociation avec des poids lourds mondiaux en vue de créer une joint-venture spécialisée dans le raffinage et le négoce international. Ali Titouche