Deux ministres italiens, de la Défense et de l'Intérieur, ainsi que le président de l'Assemblée ont tiré à boulets rouges lundi soir et hier sur la France, quant à sa responsabilité dans le chaos libyen. Lançant une nouvelle charge sur la responsabilité de la France dans le chaos libyen, le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, s'est dit hier prêt à retourner "bientôt" à Tripoli, en proie à des combats meurtriers depuis plus d'une semaine. Il a affirmé que "l'Italie doit rester protagoniste du processus de stabilisation en Méditerranée", a déclaré le patron de l'extrême droite et homme fort du gouvernement sur Twitter à propos de la Libye, avant d'ajouter : "Je suis personnellement disponible pour courir quelques risques et y retourner bientôt." Dans une vidéo de déclarations qu'il avait partagée la veille avec des journalistes, Matteo Salvini a déclaré : "Evidemment il y a quelqu'un derrière (les combats actuels). Cela n'arrive pas par hasard. Ma crainte, c'est que quelqu'un, pour des motifs économiques nationaux, mette en péril la stabilité de toute l'Afrique du Nord et par conséquent de l'Europe." Visant clairement l'ancien président français Nicolas Sarkozy sans le citer nommément, et l'actuel chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, il dira : "Je pense à quelqu'un qui est allé faire la guerre alors qu'il ne devait pas le faire. À quelqu'un qui fixe des dates pour les élections sans prévenir les alliés, l'ONU et les Libyens." Et quand les journalistes lui demandent qui refuse l'arrivée de migrants dans les ports italiens si la Libye est un endroit suffisamment sûr pour y raccompagner les personnes secourues en mer, il réplique seulement : "Demandez-le à Paris." Matteo Salvini emboîte le pas à sa collègue de la Défense, Elisabetta Trenta, qui avait elle aussi évoqué la veille "une responsabilité" de la France en raison de son rôle dans l'intervention militaire internationale contre le régime du colonel Kadhafi en 2011. "La France, de ce point de vue, a une responsabilité", déclare la ministre sur sa page Facebook, en évoquant l'intervention militaire de la France et d'autres pays en Libye en 2011 contre le régime du colonel Kadhafi. "Evidemment, il est indéniable qu'aujourd'hui ce pays se retrouve dans cette situation parce que quelqu'un, en 2011, a privilégié ses intérêts à ceux des Libyens et de l'Europe elle-même", écrit la ministre. "Le président (de l'Assemblée nationale Roberto) Fico a raison : la France, de ce point de vue, a une responsabilité", ajoute-t-elle. La situation en Libye est un "problème grave que nous a laissé la France, sans aucun doute", avait déclaré plus tôt M. Fico. Ceci étant, Mme Trenta comme M. Salvini ont exclu une intervention des forces spéciales italiennes à Tripoli, même si l'Italie compte actuellement plus de 300 militaires en Libye, chargés de protéger un hôpital de Misrata et l'ambassade à Tripoli ainsi que d'apporter un soutien logistique aux garde-côtes libyens. Dans un communiqué lundi soir, le ministre des Affaires étrangères, Enzo Moavero Milanesi, a condamné les violences et réaffirmé "le plein soutien italien aux institutions libyennes légitimes et au plan d'action des Nations unies". M. Moavero a eu lundi soir "une longue conversation téléphonique" avec l'émissaire de l'ONU Ghassan Salamé et prévoyait une série de contacts dans les prochains jours, en prévision aussi de la conférence internationale sur la Libye prévue cet automne en Italie. Merzak Tigrine