L'idée retenue n'est pas de créer un nouvel organisme financier, mais de “réorienter” une banque qui existe déjà, la Badr, pour la faire revenir à sa vocation première. Afin d'impulser une nouvelle dynamique au secteur de l'agriculture dont le plan national de développement fait face ces dernières années à des difficultés d'accès aux financements, les autorités ont décidé de mettre en place une banque spécialisée qui aura pour seule mission le soutien à ce secteur stratégique. L'information a été annoncée avant-hier à Saïda par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Saïd Barkat, au cours de la rencontre qui l'a réuni avec les cadres de son secteur dans la wilaya et les représentants des fellahs locaux. “L'agriculture aura sa banque. On ne peut pas continuer à compter sur les autres”, a déclaré le ministre dans une réponse aux préoccupations et questionnements des agriculteurs lors de cette séance de travail qui s'est tenue au siège de la wilaya. “C'est la président de la République lui-même qui m'a instruit officiellement pour prendre les mesures nécessaires à la concrétisation de ce projet”, a encore précisé M. Barkat qui a voulu rassurer par là les différents intervenants dans le secteur et qui se retrouvent devant des difficultés énormes pour accéder aux financements accordés par les institutions bancaires commerciales. L'autre nouveauté, qui sera apportée par ce nouvel organisme, concerne les taux d'intérêt qui, contrairement aux banques classiques, seront, selon le ministre, totalement pris en charge par les pouvoirs publics. C'est donc là une annonce qui ne manquera pas de rassurer et de tranquilliser les agriculteurs qui font face chaque année aux aléas du climat et de dame nature. L'idée retenue pour le moment n'est pas de créer un nouvel organisme financier, mais de convertir une banque qui existe déjà et qui était censée être un soutien au secteur, à savoir la Banque de l'agriculture et du développement rural, pour la faire revenir à sa vocation première. Cette banque, comme son nom l'indique d'ailleurs, a été mise en place pour assister financièrement le secteur de l'agriculture, mais par la force des pratiques elle s'est muée en banque commerciale assurant les mêmes prestations que celles des autres institutions bancaires. Ce sera donc le retour aux sources pour la Badr qui devra s'adapter de nouveau à sa mission de banque de l'agriculture. Il faut dire que la difficulté est importante pour les agriculteurs d'accéder aux crédits bancaires en raison notamment du fait que, dans la plupart du temps, ils ne disposent pas d'actes de propriété des terres qu'ils travaillent, ce qui fait qu'ils ne peuvent présenter les garanties réclamées par les banques. Ces problèmes d'accès au financement ont d'ailleurs été parmi les préoccupations les plus importantes posées par les intervenants, éleveurs, producteurs de semences, céréaliculteurs…etc., lors de cette réunion. Même le directeur des services agricoles de la wilaya de Saïda, M. Boudjemaâ Zerrouk, a mis l'accent dans son bref exposé sur ce volet sollicitant l'intervention des pouvoirs publics pour trouver une solution à ces problèmes qui constituent un obstacle à l'investissement et au développement rural. Pour sa part, Mohamed Alioui, secrétaire général de l'Union des paysans algériens (UNPA) a demandé lors de son intervention l'augmentation du niveau de soutien de l'Etat au secteur de l'agriculture, estimant que le niveau actuel de 4,5 est en deçà des efforts que doivent fournir les pouvoirs publics pour développer ce secteur stratégique. Hamid Saïdani