"La présidence à vie fait partie de la culture politique des dirigeants des pays de la région", a dénoncé le président du RCD. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), contrairement à la majorité des partis politiques, ne semble pas vouloir régler son horloge à l'heure de l'élection présidentielle prévue pour avril prochain. Le président du parti, Mohcine Belabbas, a estimé, hier, en marge d'une rencontre maghrébine consacrée aux droits des femmes, que, "dans un pays normal", le débat sur la présidentielle "commence deux ou trois ans auparavant". Or, chez nous, a-t-il asséné, à sept mois du scrutin, "rien n'est encore clair". Le président du RCD, Mohcine Belabbas, n'a pas exclu le boycott de la prochaine élection présidentielle par son parti. Selon lui, "cette question sera tranchée lors de la réunion du conseil national, qui aura lieu le 21 septembre. Mais, d'ores et déjà, il est clair que l'élection présidentielle est verrouillée, comme l'ont été les précédentes élections". Mohcine Belabbas a souligné aussi que "tout le monde reconnaît, y compris les gens du système, qu'il n'y a jamais eu d'élections présidentielles propres dans le pays", rappelant que "la présidence à vie fait partie de la culture politique des dirigeants des pays de la région". Pressé de dire si son parti accepte un candidat unique de l'opposition, comme cela a été proposé par certaines formations et personnalités politiques, le président du RCD a clairement indiqué que son parti ne s'inscrivait pas dans cette option. "À chaque fois, on parle de personnes. Et il s'agit essentiellement des personnalités qui ont participé à la faillite du système. En ce qui nous concerne, on préfère s'entendre sur un programme", a-t-il tranché. C'est pour cela que Belabbas a estimé que le fait que la présidentielle de 2019 est "jouée d'avance ne nous empêchera pas de continuer à lutter", parce qu'"il y a trop de problèmes" dans la société. "Il y a tellement de problèmes dans la société, et c'est à ces problèmes qu'il faut apporter des solutions", a plaidé le dirigeant du RCD. Interrogé sur les initiatives de l'opposition, Mohcine Belabbas a estimé que "ces démarches visent à parasiter" le débat sur "les programmes". Il a d'ailleurs refusé de s'inscrire dans la proposition du MSP d'aller vers un consensus national. "L'existence des partis suppose une lutte sur des programmes. Or, un consensus efface tout cela", a-t-il indiqué sans ambages. Puisqu'il s'agit d'évoquer les "problèmes" des populations, Mohcine Belabbas a estimé que l'émancipation de la femme en est un. "Tous les pays développés sont les pays où les droits des femmes sont respectés", a-t-il indiqué. "Toutes les études sérieuses des organismes internationaux attestent que les niveaux de développement et de prospérité atteints par les pays sont proportionnels aux degrés de l'implication des femmes dans les politiques publiques, de sa formulation à sa mise en œuvre", a-t-il révélé dans son discours d'ouverture du colloque sur la promotion de la femme en politique et en économie. Pressé par les journalistes de savoir si son parti était favorable à l'égalité successorale entre les hommes et les femmes, comme c'est devenu le cas en Tunisie, Mohcine Belabbas a rappelé que son parti "milite depuis 1989 pour la suppression du code de la famille" et qu'il était "pour l'égalité homme-femme en tout", et pas seulement dans le domaine de l'héritage. Ali Boukhlef