Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas a fustigé, hier, les dirigeants du pays, à commencer par le chef de l'Etat, son gouvernement et leurs relais. La corruption, qui gangrène les rouages de l'Etat, et la complaisance de certains ministres, notamment celui de la Santé ont été également dénoncées par Mohcine Belabbas, et ce, à l'ouverture des travaux de la 2e session du conseil national du RCD. Le leader de ce parti s'est également exprimé sur la fin de «la lune de miel» entre sa formation politique et le MSP, dès lors que le parti de l'ex-président Saïd Sadi n'adhère pas au projet du parti islamiste portant sur un consensus national. A l'approche de toute élection, les débats sont normalement axés, selon Belabbas, sur les programmes et les dossiers importants et non sur un candidat du consensus. «Le MSP a changé de cap, il a reculé par rapport a la plateforme de Mazafran. On est habitué au consensus autour des clans au pouvoir. En ce qui nous concerne, nous revendiquons la transparence dans l'organisation d'une élection et une instance indépendante», a plaidé le premier responsable du RCD, qui s'oppose également au projet du FLN relatif à la constitution d'un front interne qu'il qualifie au passage de front «populiste» et «non populaire». «Le FLN s'est allié à des partis microscopiques dans l'unique but de continuer à profiter de la rente et de la corruption et non pour combattre ce fléau», accuse Belabbas, qui estime que le pays n'a pas besoin d'un front populiste, candidat à la rente, mais de clarté et de rupture avec les pratiques et les slogans d'un autre temps, avec des hommes au passif chargé et qui nous ramènent sans cesse vers le passé. «Nous avons besoin d'un sursaut ou un front patriotique, qui implique un changement de système et non son lifting», tranche le patron du RCD qui demeure persuadé que Bouteflika, sauf accident de santé, va postuler encore une fois à sa propre succession en violation de la Constitution, de l'éthique politique et en dépit de la raison et du bon sens. Le temps des coups d'état honteux est révolu Belabbas affirme que l'Algérie donne l'impression qu'elle n'a pas de gouvernement, d'où la question que se posent tous les Algériens : «Y a-t-il un pilote dans la maison Algérie ?» notamment avec les changements opérés au sein de l'institution militaire. Pour lui, ces changements ne s'inscrivent nullement dans la logique de l'alternance aux postes de responsabilité, mais il craint plutôt un règlement de comptes, surtout de par la médiatisation de cette campagne. Belabbas s'interroge sur les réelles motivations d'un tel remue-ménage dans une institution projetée plus que jamais au-devant de la scène, et ce, au mépris des risques que cela comporte dans une conjoncture sécuritaire régionale incertaine. Le RCD fait sa propre lecture de l'événement, il estime que pour masquer la léthargie générale et l'inaction du gouvernement, le chef de l'Etat procède, après des semaines de campagne faites de rumeurs insidieuses sur une supposée implication de hauts gradés dans des trafics de tout genre, à de spectaculaires limogeages, des nominations et autres mises en retraite surmédiatisées au sein de la hiérarchie sécuritaire. Pour le RCD, Bouteflika ne recule devant rien pour délivrer son double message. D'abord en direction des militaires eux-mêmes pour anticiper sur des tentations de démarcation, relatives à un mandat de plus à la tête de l'Etat. Le second, est destiné à tous ceux qui seraient tentés par une contestation de rue à la veille d'une présidentielle à laquelle Bouteflika prendra part. Des ministres irresponsables «La remise au-devant de la scène de l'institution militaire est une grave erreur aussi bien pour l'avenir du pays, privé de destin par la militarisation des mœurs politiques, que pour l'armée elle-même. Le temps des coups d'Etat flagrants ou honteux est révolu. Le temps des coups d'Etat flagrants ou honteux est révolu», s'exclame le chef de file du RCD. Les maux et fléaux qui rongent l'Algérie ne peuvent être combattus, d'après Belabbas, ni par des discours lyriques ou moralisateurs, ni par de simples opérations de propagande politicienne et, encore moins, par les fraudes électorales qui approfondissent à chaque fois un peu plus le sentiment d'illégitimité. Par ailleurs, abordant la question sociale, le président du RCD s'est longuement attardé sur le retour des épidémies «honteuses», telles la fièvre typhoïde, les hépatites, les dysenteries et le choléra. La détresse des populations, condamne le RCD, est illustrée par des hôpitaux-mouroirs : avec son lot de manque de lits, absence d'hygiène, malades entassés dans les structures d'urgences, pannes récurrentes du matériel et pénuries de médicaments, conditions de travail effroyables. «Le comble est qu'aujourd'hui, plus aucun responsable officiel ne se soigne dans le pays. Il y a même ceux qui optent pour l'Europe pour un simple accouchement ; le ministre de la Santé lui-même donne le parfait exemple en envoyant sa femme en France pour un tel acte banal», fulmine Belabbas. Il cite d'autres responsables d'hôpitaux qui se soignent à l'étranger, pendant qu'à l'établissement de Ouargla une enseignante universitaire meurt à la suite d'une piqûre de scorpion. «Ceci témoigne de l'ampleur de la régression dans le secteur de la santé», constate le président du RCD.