Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) n'a toujours pas tranché sa position sur la présidentielle de 2019. «Rien n'est clair pour l'instant», affirme le président du parti, Mohcine Belabbas, en marge d'un colloque international sur la participation politique et sociéconomique de la femme dans les pays nord-africains, organisé hier à Alger par le RCD, avec la participation d'intervenantes algériennes, marocaines, tunisiennes et mauritaniennes. Le leader du RCD laisse entendre que sa formation, compte tenu de la situation actuelle, ne prendra pas part à cette échéance. «La position officielle du RCD sur la présidentielle sera décidée par le conseil national, qui se réunira le week-end prochain. Mais je peux vous dire dès maintenant que la décision finale sera prise dans deux ou trois mois. Il faut préciser, toutefois, qu'en Algérie il n'y a jamais eu une élection présidentielle au sens propre du terme», lance-t-il. Devant l'instance des journalistes, Mohcine Belabbas livre son point du vue sur le prochain scrutin. «J'avais dit, il y a deux ans, que la présidentielle doit avoir lieu sur la base de programmes. Mais jusqu'à maintenant, on ne voit rien venir. Rien n'est clair», ajoute-t-il. Selon lui, «la présidence à vie est une constante en Algérie». «Aucun des Présidents qui ont défilé à la tête de l'Etat depuis l'indépendance n'a intégré l'idée de l'alternance au pouvoir dans ses projections. Le premier a été délogé par un coup d'Etat, le second est mort d'une ‘‘maladie'' alors qu'il était encore au pouvoir et le troisième a été contraint à démissionner par des cercles du régime. Seul Zeroual a quitté le pouvoir, car il avait révisé la Constitution qui a limité les mandats présidentiels à deux», explique-t-il. Le président du RCD est revenu sur les initiatives lancées par des partis politiques de l'opposition qu'il qualifie de «diversion». «Il est grand temps que les partis politiques reviennent au principe de base qui est la lutte permanente sur le terrain. Les compétitions politiques doivent se faire sur la base de programmes. Les partis doivent se renforcer en élargissant leurs bases militantes. Il ne peut pas y avoir un consensus de tous les partis sur toutes les questions nationales», souligne-t-il. S'exprimant sur la reconnaissance par le président français, Emmanuel Macron, de la responsabilité de son pays dans la mort du mathématicien Maurice Audin, Mohcine Belabbas estime que «cela est un pas positif». «Il faut demander encore plus de reconnaissance de tous les crimes coloniaux. Cela s'applique aussi pour le régime algérien qui a mis, par exemple, des dizaines d'années pour reconnaître officiellement la langue amazighe», explique-t-il. Dans son allocution à l'ouverture des travaux de ce colloque, le leader du RCD souligne l'écart entre les textes et la pratique en matière de promotion de la femme aux responsabilités dans les institutions et administrations publiques ainsi qu'au niveau des entreprises. «Les chiffres démontrent qu'on est loin de la parité !» précise-t-il, rappelant que son parti «milite et revendique l'égalité en droits entre les hommes et les femmes parce qu'il n'y a pas de citoyenneté sans égalité juridique». «C'est l'émancipation des peuples qui ouvre la voie au progrès, à la modernité et à la compétition politique et démocratique», lance Mohcine Belabbas.