Un deuxième revers en perspective pour le traité du constitutionnel européen, ce soir, à l'issue du référendum néerlandais. À l'instar de la France, les Pays-Bas devraient dire non à la Constitution européenne. Tous les sondages ne laissent aucune chance aux partisans du oui. Contrairement à l'Hexagone, où l'écart entre les deux camps n'était pas très large, en Hollande, il atteint parfois les 20 points. En effet, ils sont pratiquement 60% à vouloir dire non. Ainsi, ils enlèvent carrément tout suspense quant à l'issue du référendum, à moins d'un renversement de situation extraordinaire que les observateurs ne prévoient pas. Ce soir, l'Europe unie devrait subir son second revers en moins d'une semaine, ce qui ne manquera pas de plonger ses dirigeants dans le doute total malgré toute la sérénité qu'affiche son commissaire José Manuel Barrosso. Cet optimisme béat devrait laisser la place à l'amère réalité du terrain qu'il faudra affronter. Il ne fait aucun doute que la stratégie adoptée jusque-là est à reconsidérer, bien que certains analystes s'accordent à dire que le rejet des Français est beaucoup plus à mettre sur le compte des problèmes internes de la France, que sur des imperfections de la Constitution. Même si l'on accorde du crédit à cette thèse, quelle explication donnera-t-on alors au non des Néerlandais ? Pis, à cela, il ne faut pas oublier le refus massif que s'apprêtent à signifier l'année prochaine les Britanniques. En Grande-Bretagne, les sondages d'opinions ne laissent pas le moindre doute quant aux résultats d'un éventuel référendum en annonçant un écart allant jusqu'à 30%. 70% des compatriotes de Tony Blair ne veulent pas du traité du Constitutionnel. Devant ces chiffres, le chef du gouvernement anglais hésite, désormais, à organiser un référendum. Avec de telles perspectives, il n'y a pas lieu de se voiler la face. Les dirigeants européens n'ont plus qu'à se remettre en cause, parce que la construction européenne se retrouve face à une crise sans précédent après le non français et les pistes de relance apparaissent hypothétiques à court terme, au vu des situations politiques délicates, notamment dans les pays fondateurs du projet. Les élections législatives anticipées dès septembre en Allemagne, celles en Italie en 2006, la présidentielle française en 2007, sans compter d'autres scrutins chez les nouveaux adhérents, Pologne, République tchèque, offrent peu de perspectives de dégripper la “machine” communautaire, selon les experts. Il est temps de se retrouver autour d'une table pour revoir ce qui cloche dans ce qui a été réalisé et présenté aux peuples du Vieux Continent. K. A.