Peur Le «non» massif des Français et des Néerlandais à la Constitution européenne fait désormais craindre un effet boule de neige dans les pays de l'Union où doivent se tenir encore des référendums d'ici à la fin de l'année. La préoccupation grandit même dans le pourtant très européen Luxembourg, un autre pays fondateur, où les électeurs auront à se prononcer le 10 juillet prochain sur le traité constitutionnel. Le Premier ministre, Jean-Claude Juncker, président en exercice de l'Union européenne, a reconnu qu'il était «inquiet» quant à l'issue du référendum dans son pays. M. Juncker avait indiqué, en décembre dernier, qu'il démissionnerait si son pays rejetait la Constitution. Aujourd'hui, ses inquiétudes ne paraissent pas infondées, le «non» recueillant 41% d'intentions de vote selon un sondage récent, contre 24% en octobre dernier. Dix pays sur les vingt-cinq de l'Union ont ratifié pour l'instant la Constitution, dont neuf par voie parlementaire. L'Espagne avait choisi le référendum en février, qui s'est traduit par un vote positif. Mais le Royaume-Uni a suspendu sa consultation, ajoutant au climat d'incertitudes après les référendums français et néerlandais. Le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, n?a pas cessé pourtant de renouveler sa mise en garde contre toute «décision unilatérale» d'un Etat membre de l'UE de suspendre la ratification de la Constitution. «Ce n'est pas la première fois que l'Europe a un problème, a-t-il fait valoir, ce ne sera pas la dernière.» Peter Altmaier, un spécialiste de l'UE auprès de la CDU (l'opposition au chancelier allemand Gerhard Schröder), considère que le «nee» néerlandais «a été encouragé et a puisé ses forces auprès du "non" français». «Mais la situation était délicate aux Pays-Bas depuis longtemps», ajoute-t-il. Pour M. Altmaier, la ratification de la Constitution, qui doit être normalement bouclée en novembre 2006, doit se poursuivre en dépit des revers subis en France et aux Pays-Bas. «La situation est plus compliquée... mais chaque pays doit avoir la possibilité de voter», ajoute-t-il. Les sondages au Danemark et en Pologne, deux pays qui doivent organiser des référendums à l'automne, sont favorables au «oui», selon l'expert. Le Portugal doit, quant à lui, organiser un référendum en octobre prochain.