Soixante ans, jour pour jour, sont passés depuis la création, alors au beau milieu de la guerre de Libération nationale, un certain 19 septembre 1958, du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Néanmoins, cet épisode de la Révolution n'a pas encore livré tous ses secrets. L'histoire de la Révolution n'ayant toujours pas été intégralement dite, encore moins écrite. Voilà qui rend encore et toujours passionnante chaque sortie d'un ancien acteur de la guerre de Libération. C'était le cas, hier, de l'ancien malgache et ancien ministre, Daho Ould Kablia, invité au "Forum de la mémoire" organisé, au siège du quotidien El Moujahid, par l'organisation Machaâl Echahid. Une occasion pour l'ancien poids lourd du ministère de l'Armement et des Liaisons générales (Malg), service de renseignement de l'Armée de libération nationale (ALN), de revenir, soixante ans après, sur les actions menées par le GPRA et dont la contribution, aussi bien sur le plan organisationnel que diplomatique, reconnaît-il, fut précieuse dans la suite de la guerre jusqu'au jour de l'Indépendance, le 5 Juillet 1962. S'il regrette la mise à mort du GPRA par l'état-major, constitué alors par l'armée des frontières, Daho Ould Kablia évite, cependant, de parler de coup d'Etat. Un fait de l'histoire que dénoncera, en revanche, l'ancien colonel de l'ALN, Youcef Senouci, dont l'intervention a été saluée par l'assistance. "Le GPRA a été, il faut le dire, victime d'un coup d'Etat opéré, en 1962, par les responsables affectés aux frontières, en l'occurrence Ahmed Ben Bella et Houari Boumediene", a déploré, en effet, l'ancien combattant. Par ailleurs, Daho Ould Kablia est revenu sur le cas de certains anciens fonctionnaires de la France coloniale, à l'instar de Salah Bouakouir, alors secrétaire général du gouverneur général d'Alger chargé des affaires économiques, ayant été longtemps considérés comme des "harkis" alors, témoigne-t-il, qu'ils étaient au service de la Révolution. "Je recevais personnellement les courriers de renseignements que Salah Bouakouir nous envoyait au Malg", a-t-il révélé. Dans la foulée, il a, en outre, rappelé qu'Abane Ramdane avait fait les frais d'un conflit qui l'opposait à certains chefs de la Révolution, allusion aux "trois B", en l'occurrence Abdelhafid Boussouf, Krim Belkacem et Lakhdar Bentobal. L'ancien malgache refuse néanmoins de divulguer la nature de ce conflit. Autre fait, autre révélation, l'ancien malgache a tenu à souligner que Krim Belkacem s'était proposé, en premier, pour présider le GPRA, mais Boussouf et Bentobal avaient vite exprimé leur refus. Ils s'opposeront, ajoute-t-il, également à Lamine Debaghine et Ahmed Ben Bella qui, eux, ont été proposés par les membres du GPRA. C'est ainsi, dit-il, que le choix avait fini par se porter sur Ferhat Abbas avant que celui-ci ne cède la place à Benyoucef Benkhedda, resté, lui, à ce poste jusqu'à la crise de l'été 62. Farid Abdeladim